L'accord liant l'Union européenne et l'Australie est un autre texte clé qui confirme la priorité majeure que constitue l'Indo-Pacifique dans la politique étrangère française. Au moment où je m'exprime, Jean-Yves Le Drian est d'ailleurs en Inde pour conduire des travaux avec nos partenaires indiens et australiens.
La relation bilatérale entre la France et l'Australie a été renforcée par le partenariat stratégique conclu en 2012 et rehaussée en 2017 à la suite du choix de Naval Group pour la construction des futurs sous-marins australiens – un contrat industriel qui nous lie pour plusieurs décennies. Cette relation est fondée sur une amitié ancienne et sur un attachement commun à un ordre international basé sur des règles, sur le droit et sur le multilatéralisme. C'est d'ailleurs en Australie, à l'occasion de son déplacement à Sydney en 2018, que le Président de la République a tracé la voie de notre stratégie pour toute la zone. Lors d'un discours prononcé à la base navale de Garden Island, il a déclaré : « Nous avons la même préoccupation sur les risques et les menaces qui traversent la région indo-pacifique : les rivalités entre puissances, les tensions identitaires, les trafics de toutes sortes qui prospèrent sur le manque de développement lié en très grande partie au dérèglement climatique. » Il souhaitait construire un axe indo-pacifique fort pour garantir nos intérêts économiques et de sécurité, et avait souligné que la France se devait d'être le trait d'union entre l'Australie et l'Europe.
Tous nos partenaires européens sont désormais convaincus de l'importance de l'Indo-Pacifique, tant pour la prospérité de l'Europe que pour l'avenir du multilatéralisme. Nous considérons que l'Union européenne doit se doter à son tour d'une stratégie pour la zone afin d'y renforcer son engagement et de faire connaître les nombreuses actions qu'elle y mène déjà. L'Australie devrait naturellement en être un pilier majeur.
Le partenariat entre l'Union européenne et l'Australie est déjà vigoureux : la réunion des dirigeants qui s'est tenue le 26 novembre 2020, et qui a notamment permis d'aborder les sujets relatifs à la covid-19 et à la relance économique, en atteste. À cette occasion, les deux parties ont envoyé un message fort en faveur d'un accès équitable aux vaccins et d'une coopération concrète sur les sujets sécuritaires. L'Australie a par ailleurs déployé des personnels au sein de la mission de conseil de l'Union européenne (EUAM) en Irak, illustrant cette préoccupation commune.
L'Union européenne se doit de défendre ses valeurs et ses intérêts. C'est bien sûr valable pour l'accord dont nous discutons, mais, puisque les sujets de politique commerciale se sont invités dans le débat précédent, et bien que la négociation d'un accord de ce type avec l'Australie se déroule dans un cadre séparé, je mesure combien nous avons intérêt, dans ce domaine également, à renforcer nos liens et à adopter une vision fondée sur le respect des règles. Nous veillerons donc à ce que le développement durable et le respect de l'accord de Paris soient des éléments essentiels de la négociation, à l'image de ce que contient l'accord de commerce et de coopération signé avec le Royaume-Uni. Il est important que les parlements nationaux et la société civile puissent apprécier cette dimension environnementale et climatique.
Quant à l'accord lui-même, il est…