Cet accord-cadre vise à établir un partenariat renforcé entre l'Union européenne et ses États membres d'une part et l'Australie d'autre part. Il renouvelle et amplifie la dynamique créée par l'accord de 2008 ; il est complémentaire de l'accord avec la Nouvelle-Zélande adopté en 2019, et pour lequel j'ai eu l'honneur d'être votre rapporteure.
Par la suite, une proposition de résolution européenne relative aux négociations en vue de la signature de deux accords de libre-échange avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande a été adoptée par l'Assemblée nationale. Ce texte-ci doit donc être distingué des négociations en cours, tendant à la conclusion d'un tel accord ; il ne prévoit aucune concession en matière agricole, ni aucun accès préférentiel au marché commun.
En revanche, cet accord-cadre ouvre des perspectives considérables de coopération en matière de politique étrangère, de sécurité, de justice, de recherche, d'économie, d'environnement, d'éducation et de culture.
Ce n'est donc pas un cheval de Troie, mais bien le symbole d'une volonté partagée de renforcer notre alliance – une alliance fondée sur les valeurs qui nous unissent aux Australiens, solennellement réaffirmées dans le préambule : respect des valeurs démocratiques, défense de l'État de droit, soutien à la Charte des Nations unies et autres grands textes internationaux relatifs aux droits de l'homme.
Le but, ici, est de permettre à l'Union européenne de s'affirmer comme une puissance de l'espace indo-pacifique. Cette région revêt une importance géostratégique majeure ; vous l'avez rappelé, monsieur le secrétaire d'État, c'est une région en forte croissance, qui représente plus du tiers de nos échanges hors Union européenne. Elle est le point de passage entre les grands ensembles démographiques et économiques du XXI
La France est une puissance de la zone indo-pacifique, et entend le rester grâce à de nombreux territoires, une forte implantation militaire et une immense zone économique exclusive. De La Réunion à la Nouvelle-Calédonie, de Mayotte à Wallis-et-Futuna et à la Polynésie française, cette région constitue pour nous un enjeu vital ; notre pays est le seul État membre de l'Union présent dans la région depuis la sortie du Royaume-Uni, et vous l'avez rappelé, madame la rapporteure : nous avons la responsabilité de renforcer le poids de l'Europe dans cet espace dont l'Australie est l'une des principales puissances.
La dynamique régionale est structurée par une stratégie hégémonique de la Chine et par la rivalité sino-américaine ; l'Australie est partagée entre sa dépendance économique à l'égard de la Chine et son alliance avec les États-Unis. Sur fond de tensions avec Pékin, Canberra cherche à diversifier ses partenariats : notre pays doit saisir cette opportunité.
L'accord-cadre fournit également un instrument utile pour relever les défis communs : piraterie, pêche illicite, criminalité transnationale, immigration illégale, terrorisme djihadiste. Le réchauffement climatique met une forte pression sur les populations et expose l'ensemble de la zone à un risque sécuritaire.
À cet égard, je rappelle que l'Australie participe à de nombreuses missions de maintien de la paix sous l'égide des Nations unies, ainsi qu'à la coalition contre Daech. Nos marines nationales luttent ensemble contre les actes de piraterie et de terrorisme dans la Corne de l'Afrique et l'océan Indien.
La protection de l'environnement est la première préoccupation des Australiens. Nous partageons une communauté d'intérêts, une communauté de valeurs.
Sous l'impulsion du Président de la République, la France s'est rapprochée de l'Inde et de l'Australie ; il a qualifié d'« absolument clé » ce choix stratégique lors de sa visite officielle de 2018. Face au défi hégémonique chinois s'impose un vrai nouvel ordre géostratégique. La prochaine présidence française de l'Union européenne offre une occasion de dynamiser cette coopération renforcée avec l'Australie.
Enfin, l'Australie est un pays ami : 70 % des ressortissants ont des origines européennes et 70 000 de nos compatriotes y résident. Je les salue, ainsi que leur députée, notre excellente rapporteure Anne Genetet.
Nous, Français, avons une dette historique à l'égard du peuple australien ; notre ambassade à Canberra accueille le mémorial franco-australien érigé en 1961 par le gouvernement du général de Gaulle en signe de reconnaissance aux dizaines de milliers de soldats australiens, souvent très jeunes, tombés si loin de chez eux, en France, sur les champs de bataille entre 1914 et 1918, puis lors de la Libération.
Pour toutes ces raisons, le groupe La République en marche votera en faveur de ce projet de loi, déjà adopté le 19 février 2020 par la commission des affaires étrangères.