Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du jeudi 15 avril 2021 à 9h00
Accord-cadre entre l'union européenne et l'australie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Il a paru évident aux députés du groupe GDR de demander un débat sur la question australienne, tant celle-ci nous avait, en commission, posé problème à tous – il faut s'en souvenir –, notamment concernant l'aspect écologique de cet accord-cadre. Tout d'abord, cet accord se situe dans la lignée de celui qui a été conclu depuis avec le Japon et dont nous avons discuté tout à l'heure. Il dissimule un accord de libre-échange en préparation : cela suffirait à le rendre inacceptable. Ensuite, il convient de mesurer la profondeur des divergences entre Européens et Australiens sur des sujets aussi importants que la question sanitaire. En 2017, par exemple, ce qui n'est pas si ancien, l'Australie portait plainte contre l'Union européenne auprès de l'OMC, estimant que les normes européennes en matière de perturbateurs endocriniens entraînaient un manque à gagner de 75 milliards d'euros pour les industriels australiens. En 2019, avec d'autres pays, elle attaquait cette fois la réglementation européenne concernant les pesticides, toujours dans l'enceinte de l'OMC. Comment l'Union peut-elle considérer l'Australie comme un partenaire alors que celle-ci s'en prend à ses normes les plus utiles ?

S'ajoute à cela le sujet de l'écologie. Les députés communistes n'approuveront pas un accord présenté comme écologique avec l'un des gouvernements qui méprisent le plus profondément la cause du climat. Aucun de ceux qui, dans cet hémicycle, souhaitent une transition écologique réelle ne saurait l'approuver ! Il faut bien peser les choses : lors de chaque accord, nous nous demandons si celui-ci aura pour effet de tirer les signataires vers le haut, ou d'instaurer un statu quo, ou même de contrecarrer leurs ambitions sur certains sujets. Les députés communistes pensent sincèrement que cet accord-cadre avec l'Australie se trouve dans le dernier cas de figure. Rien ne contraint les parties à le dénoncer en cas d'abus écologique. Nous nous engageons vis-à-vis d'un pays dont le mix énergétique se compose à 70 % de charbon, vis-à-vis du huitième émetteur mondial de gaz à effet de serre par habitant, sans même compter le tristement célèbre projet Carmichael – une mine géante dont seront extraites chaque année, pendant soixante ans, près de 30 millions de tonnes de charbon, à raison de près de 12 millions de tonnes de CO2 émises chaque année, soit 32 tonnes par jour. Dans ces conditions, atteindre les objectifs climatiques fixés pour 2050 ne sera pas simple ! De surcroît, cette production sera entièrement exportée, grâce à un port bâti près de la Grande Barrière de corail, d'où des risques élevés pour la biodiversité marine de cette zone, parmi les plus importantes et les plus fragiles qui soient. Je rappelle d'ailleurs que la Grande Barrière est inscrite au patrimoine mondial.

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