Intervention de Erwan Balanant

Séance en hémicycle du jeudi 15 avril 2021 à 15h00
Services publics d'eau potable et d'assainissement en guadeloupe — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaErwan Balanant :

Avoir accès à l'eau potable et à l'assainissement efficace est un droit de l'homme et un des objectifs de développement durable – le sixième. Si la France ne paraît pas rencontrer de difficultés pour rendre ce droit effectif, des dysfonctionnements majeurs persistent en réalité dans certains territoires. Ainsi, en Guadeloupe, le service public de l'eau potable et de l'assainissement présente des carences graves et structurelles qui affectent son fonctionnement, marqué par des coupures d'eau fréquentes, d'ampleur et d'origine diverses. Son réseau de distribution particulièrement vétuste ne permet pas d'acheminer l'eau à tous les habitants. Un tiers seulement de l'eau pompée est distribué et le rendement du réseau ne dépasse pas 40 à 50 % – un gaspillage énorme. Ce constat alarmant ne date pas de 2021 : dans un rapport de 2018, l'inspection générale de l'administration (IGA) pointait déjà du doigt une « situation de crise sévère, de caractère systémique, avec la multiplication des coupures, générant des risques pour la santé publique et des fortes contraintes économiques ».

L'IGA appelait alors à un plan d'action ambitieux, indispensable et urgent. Ce plan va pouvoir être déployé grâce à l'initiative de notre collègue rapporteure Justine Benin, dont je salue le travail. Cette situation inacceptable, aggravée par la crise sanitaire de la covid-19, ne doit pas perdurer dans notre pays. C'est pourquoi, à l'occasion de notre niche parlementaire, le 28 janvier dernier, Justine Benin a déposé une proposition de loi visant à créer un service unique de l'eau potable et de l'assainissement en Guadeloupe continentale. Ce texte empreint de pragmatisme et de responsabilité est issu d'une longue phase de dialogue avec tous les acteurs concernés ; son parcours parlementaire consensuel n'est donc pas surprenant. Adopté en première lecture à l'Assemblée nationale puis au Sénat, il vient de faire l'objet d'un accord en commission mixte paritaire, avec quelques modifications d'ordre rédactionnel.

Comme vous l'avez souligné, madame la rapporteure, ce texte n'est pas une loi de dépossession, mais une belle loi de justice et d'efficacité, qui reconnaît le rôle du département et de la région, impliqués dans le dossier depuis des années, et celui des intercommunalités, qui pourront désormais compter sur une gouvernance efficace au service des citoyens guadeloupéens. Je souhaite que les collectivités s'emparent maintenant de ce texte, emboîtant le pas à l'action parlementaire – notamment au merveilleux travail de Justine Benin –, pour signer la fin des atteintes au droit d'accès à l'eau potable et à l'assainissement en Guadeloupe.

Il en aura fallu de la détermination, madame la rapporteure, pour arriver à ce résultat ! Vous avez saisi ce dossier à bras-le-corps, alors que vous saviez qu'une montagne d'obstacles se dressait devant vous. Vous n'avez rien lâché, vous n'avez pas cédé aux sirènes de la résignation que certains vous invitaient à écouter pendant toute l'élaboration du texte. Vous avez abordé la résolution du problème avec toute votre humanité, avec votre cœur de femme, votre regard de citoyenne et votre volonté de législatrice, soucieuse de l'intérêt général.

Comme vous, le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, a noté la réticence de certains élus locaux à traiter un sujet de compétence locale par une loi nationale ; mais, comme vous et comme nous, le Gouvernement a jugé ce texte indispensable pour améliorer le service public de l'eau dans l'archipel. Cette option semble en effet la plus indiquée au regard de l'urgence de la situation locale. Le Parlement vient donc de poser un premier jalon important pour l'accès de tous les Guadeloupéens à un service de l'eau de qualité. Le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés s'en réjouit, car personne ne doit rester sur le bas-côté de la route qui mène au droit effectif à l'eau.

Chère Justine Benin, les Guadeloupéens peuvent être fiers de votre travail ; nous, démocrates, sommes fiers de ce que vous avez fait pour les Guadeloupéens. Nous voterons en faveur du texte de la CMP.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.