Il propose d'instaurer un moratoire sur l'installation de nouveaux entrepôts logistiques, eu égard à leurs impacts environnementaux, mais aussi économiques et sociaux. Hier, André Chassaigne a évoqué la notion de développement durable ; il est peut-être temps de penser un e-commerce durable et d'en poser les fondements, nouvelle pierre à l'édifice de notre économie.
L'impact des entrepôts sur l'environnement est considérable : en cinq ans, leur surface a quasiment doublé pour s'élever, en 2019, à 2,4 millions de mètres carrés. Le rapport de France Stratégie le montre : la surface au sol des entrepôts est de plus en plus immense, allant jusqu'à 185 000 mètres carrés. Nous avons entendu hier que les entrepôts de e-commerce représentaient aujourd'hui 1 % des surfaces artificialisées ; mais demain, à combien en sera-t-on ? C'est à cette dynamique de développement marquée par le gigantisme qu'il nous faut nous intéresser.
Viennent ensuite les impacts économiques et sociaux. Mounir Mahjoubi a montré, dans une note d'analyse, que pour un emploi créé chez Amazon, on en détruit 2,2 dans le petit commerce. Au Royaume-Uni, on en est à 85 000 emplois détruits et 448 000 aux États-Unis pour seulement 178 000 emplois créés. Les géants du e-commerce s'en sortent très bien dans le contexte de crise sanitaire ; nos petits commerçants ont bien plus de mal, car ils font face à cette concurrence déloyale mais aussi à beaucoup d'autres difficultés – faiblesse structurelle de trésorerie, loyers élevés, implantation chaotique des centres commerciaux…
Nous demandons non pas de nuire au commerce en ligne – ce n'est pas l'objectif et chacun doit pouvoir vivre – mais de trouver un juste équilibre conciliant les intérêts de chacun. Un moratoire permettrait de se poser et de réfléchir à la manière de construire des entrepôts de e-commerce durables.