Intervention de Maina Sage

Séance en hémicycle du vendredi 16 avril 2021 à 9h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Article 56

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaina Sage :

Cet article est très important pour nous tous, en particulier pour nos territoires d'outre-mer, car nous allons inscrire dans notre droit des obligations de protection de la biodiversité, avec l'objectif de 30 % d'espaces protégés et de 10 % d'espaces bénéficiant d'une protection forte. Nos concitoyens ne comprennent pas toujours les raisons pour lesquelles sont fixés ces seuils, pourtant très importants. Je rappelle que nous avons perdu deux tiers de la faune sauvage et que nos espaces naturels terrestres et marins sont menacés par divers types de pollution.

La France possède le deuxième domaine maritime mondial, dont 97 % se situe outre-mer. Cela nous assure des avantages et des atouts, notamment sur le plan géostratégique, mais cela nous confère aussi, comme je le dis souvent ici, une responsabilité. Même si les ZEE – les zones économiques exclusives – ne représentent qu'un quart de l'espace maritime mondial, elles renferment une richesse d'écosystèmes et d'espèces qu'il nous faut protéger. Je n'en donnerai qu'un exemple : 50 % des thonidés consommés en Europe sont pêchés à 20 000 kilomètres d'ici, dans l'océan Pacifique. Sur 3 millions de tonnes pêchées dans le Pacifique, la moitié est consommée en Europe. Même si cela peut paraître loin de nous depuis l'Hexagone, cela nous concerne tous car nous consommons des produits issus de l'ensemble de notre planète, même de ma petite île de Tahiti, en Polynésie française, où vivent 300 000 de vos concitoyens.

Je tiens à rappeler que les décisions que nous prenons ici ont des répercussions qui peuvent aller jusque dans nos territoires. L'océan Pacifique est un peu le continent invisible, mais il compte vingt-sept territoires qui, s'ils sont souvent considérés ici comme de petites îles, se situent au cœur de grands territoires – de grands États – océaniques, qui gèrent des millions de kilomètres carrés d'espace maritime.

Je tiens donc à souligner l'importance qu'il y a à ancrer dans notre droit les objectifs de cet article. Je vous proposerai, à la fin de l'examen de celui-ci, un amendement visant à soutenir les moyens d'une gestion effective de ces espaces. C'est une bonne chose, en effet, que de fixer des objectifs et de décréter qu'un espace, terrestre ou maritime, est protégé, comme ici dans l'Hexagone, mais c'est mieux d'en avoir les moyens. Concrètement, au quotidien, protéger des espaces maritimes est une tâche ardue, qui demande des moyens humains et matériels, ainsi que, bien évidemment, des moyens financiers, souvent difficiles à trouver car il s'agit essentiellement de coûts de fonctionnement.

Je vous remercie de soutenir fortement cet article, qui engage bien plus qu'une simple gestion quotidienne de ces espaces : il y va de l'avenir de notre planète. Je rappelle en effet que ces espaces naturels sont aussi des puits de carbone qui nous permettent de continuer à vivre sur cette planète. À eux seuls, les océans produisent 50 % de l'oxygène – une respiration sur deux – qui fait vivre l'espèce humaine. Nous devons absolument protéger ces espaces, pour nous aujourd'hui et pour l'avenir de l'espèce humaine sur la planète Terre.

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