Intervention de Jean-Baptiste Moreau

Séance en hémicycle du vendredi 16 avril 2021 à 21h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Article 62

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Baptiste Moreau :

Monsieur le ministre, je sais votre volonté de tout faire pour ne jamais avoir à instaurer cette taxe et pour que nous respections les engagements européens que nous avons pris il y a déjà quelque temps.

En quinze ans, le monde agricole a déjà diminué de 2,3 % ses émissions d'ammoniac et de 9 % ses émissions de protoxyde d'azote : c'est un travail en cours, et le secteur a déjà fait des efforts.

Je ne sais pas où M. Prud'homme a appris qu'à l'inverse des engrais minéraux, les engrais organiques n'émettaient pas de protoxyde d'azote ni d'ammoniac : ils en émettent moins, certes, mais ils en émettent quand même.

À mes yeux, instaurer une taxe sur ce sujet relève vraiment du dogmatisme.

Aujourd'hui, sur les 180 hectares d'une exploitation de polyculture-élevage de moyenne montagne qui pourrait être la mienne comme celle de nombreux éleveurs, 45 hectares sont cultivables et environ 80 hectares sont voués à être fauchés pour faire du foin ou de l'ensilage, par exemple. Avant, vous pouviez faire vos récoltes et quelques regains ou bonnes repousses que vous pouviez récolter aux mois de juillet et août, voire septembre, vous permettaient d'assurer du stock d'alimentation pour l'hiver. Aujourd'hui, avec le changement climatique, si vous n'avez pas fait vos stocks au 15 juin, avec les sécheresses à répétition, vous n'avez pas de quoi passer l'hiver et devez acheter une partie de l'alimentation de vos bêtes.

Aujourd'hui, l'azote minéral utilisé sur ce type d'exploitation de polyculture-élevage en complément de l'azote organique, qui provient du fumier ou du lisier, sert à assurer un rendement minimum dans un temps limité. En effet, la pousse sur une année est rendue très limitée par le changement climatique. Si on ne peut pas assurer une pousse minimum dans une période relativement courte, on est donc obligé d'acheter ailleurs l'alimentation de son bétail, que l'on fait venir en camion. Il n'est pas sûr que le climat y gagne beaucoup.

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