Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du vendredi 16 avril 2021 à 21h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Article 63

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

…ravageant la ville et tuant des centaines de personnes ; c'est aussi l'équivalent d'un stock de 20 à 120 tonnes de nitrate d'ammonium qui a explosé à Toulouse en 2001, causant trente-et-un décès et des milliers de blessés.

La France est le premier consommateur d'ammonitrate en Europe, et le deuxième à l'échelle planétaire. Or la lutte contre les risques industriels a un angle mort : les petits stocks de nitrate d'ammonium, généralement entreposés dans des exploitations agricoles, ne sont jamais contrôlés. En Belgique et en Allemagne, les sites sont réglementés et inspectés à partir d'un stock équivalant à 300 kilos, mais chez nous, en dessous de 500 tonnes, les stocks ne sont soumis à aucune forme de déclaration ni d'autorisation, et ne sont donc jamais inspectés. Pourtant, il suffit d'une simple poussière, combinée à un petit incendie, pour que cette substance explose. C'est d'ailleurs pour son potentiel explosif qu'elle a été interdite en Autriche et en Irlande. Selon le ministère de la transition écologique, un à dix incendies se déclareraient chaque année sur des sites de stockage d'ammonitrate, principalement dans des exploitations agricoles.

Il s'agit là d'un risque qu'encourent les agriculteurs, d'abord, mais également les pompiers, susceptibles d'intervenir dans ce type de situations. En 2003, lors d'un incendie dans une ferme à Saint-Romain-en-Jarez, un stock de 3,5 tonnes de nitrate d'ammonium a explosé, et dix-huit pompiers ont été blessés, dont trois grièvement. L'un d'eux a été reconnu en invalidité à 80 % et s'est battu jusqu'en cassation, mais aucune faute pénale n'a été reconnue. Le 21 mars dernier, il a fallu mobiliser quatre-vingts pompiers pour maîtriser un incendie dans un bâtiment agricole près de Rouen, dans lequel 40 tonnes d'ammonitrate étaient stockées – par chance, la substance a fondu plutôt qu'explosé. Le 3 décembre 2020, un incendie s'est déclaré dans un élevage à Petit-Mesnil ; environ 120 tonnes de nitrate étaient stockées dans un hangar à proximité de l'incendie, et celui-ci a mobilisé une cinquantaine de pompiers – je rappelle qu'à l'origine du drame d'AZF à Toulouse, il s'agissait d'un stock évalué entre 20 et 120 tonnes de nitrate d'ammonium.

Collègues, il faut arrêter…

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