Intervention de Cédric Villani

Séance en hémicycle du samedi 17 avril 2021 à 15h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Explications de vote personnelles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani :

Ce projet de loi était unique en son genre, par son ampleur, par les extraordinaires attentes dont il faisait l'objet pour lutter contre ce qui constitue certainement le phénomène le plus grave auquel l'humanité a tenté de faire face, et par son histoire, marquée par l'implication de la Convention citoyenne pour le climat.

De si grandes attentes pour de si petits pas ! Interdire ou freiner la publicité pour les produits les plus polluants ? Non : seulement pour les carburants ! Changer notre rapport au transport aérien ? Seulement pour les plus petits trajets – la mesure doit concerner trois ou quatre lignes ! Les menus alternatifs végétariens ? On avance à petits pas ! L'objectif de zéro artificialisation nette ? Seulement une perspective de long terme ! Et pour ce qui est des engrais, gravons courageusement dans le marbre que nous envisageons de faire quelque chose ! Et ainsi de suite : quelle déception ! Comment, après cela, répondre aux attentes de nos concitoyens, particulièrement des jeunes qui, chaque jour, nous demandent ce que nous faisons pour prendre les enjeux écologiques à bras-le-corps ?

Mais quelle déception aussi pour le parlementarisme que nous aimons tant ! Quand la Convention citoyenne pour le climat a été créée, nombre de nos collègues étaient inquiets à l'idée d'être dépossédés du pouvoir de faire la loi. Peut-être sont-ils rassurés aujourd'hui : c'est bien le Parlement qui aura adopté le projet de loi, et non la Convention. Mais ce n'est pas une victoire, chers collègues : je crains que ce ne soit plutôt une défaite. Pour tous les esprits qui, dans ce pays, sont soucieux de l'avenir de la terre qu'ils laissent à leurs enfants, la Convention citoyenne s'est montrée libre, éclairée et capable de chambouler sa façon de penser face aux discours des scientifiques, alors que l'Assemblée, malgré des débats de bonne tenue et l'engagement de certains collègues courageux de tous bords – que je salue –, s'est finalement montrée timorée, paralysée par sa crainte de vexer les uns ou de déranger les autres.

J'appelle de mes vœux l'élection prochaine d'une autre Assemblée nationale, plus puissante et plus audacieuse, qui changera la donne grâce à un vrai projet de loi sur le climat, à la hauteur des enjeux. En l'état actuel du texte, il ne m'est pas possible de cautionner ce petit pas.

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