Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du jeudi 6 mai 2021 à 9h00
Revenu de solidarité active pour les jeunes de 18 à 25 ans — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Avec cette proposition de loi, nous remettons à l'ordre du jour de notre assemblée la pauvreté qui est en train de submerger la jeunesse de notre pays. Je le sais, c'est un sujet que vous aviez déjà tenté de remiser au placard par un précédent vote le 18 février dernier, mais comprenez bien : alors que la grande pauvreté étend partout ses ramifications, propulsée par un carnage social absolument inédit, il est incompréhensible que notre regard se porte ailleurs que sur les souffrances qu'elle engendre aujourd'hui. Il est indécent que notre assemblée se refuse à les endiguer, quand elle se montre si prompte, si ardente à assister les plus riches.

Nous le savons, l'épidémie, les confinements et les couvre-feux ont eu un effet accélérateur sur les vagues de pauvreté qui s'abattent sur les plus jeunes, confrontés en masse à la misère et à l'isolement. Depuis quinze ans, c'est chez les jeunes que la pauvreté progresse le plus, conséquence d'une religion néolibérale, dont on ne sait plus désormais ce qui la guide, si ce n'est l'injonction à faire toujours moins pour ceux qui ont moins et toujours plus pour ceux qui ont plus. C'est la conséquence aussi du no man ' s land juridique dans lequel les 18-25 ans se trouvent depuis bien longtemps : ni statut ni allocations pour les étudiants, qui leur permettraient de vivre dignement ; difficulté pour les jeunes qui travaillent de cumuler suffisamment d'heures pour accéder au chômage – et ce n'est certainement pas la contre-réforme de l'assurance chômage qui risque d'améliorer les choses ; impossibilité, aussi, de toucher ce minimum vital qu'est le RSA.

Résultat : la pauvreté s'installe chez les jeunes en raison de l'incapacité politique et, sous les coups de l'épidémie, elle est se massifie. En 2020, seuls 55 % des diplômés sont parvenus à trouver un emploi ; depuis un an, 36 % des étudiants salariés ont perdu le leur. Aujourd'hui, mes chers collègues, un million de jeunes vivent sous le seuil de pauvreté.

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