Au-delà de ces chiffres accablants, ce sont sans doute les images qui nous ont le plus heurtés, qui nous ont sonnés : un public jeune, un public étudiant faisant la queue devant les banques alimentaires, les associations de maraude totalement débordées et les associations qui tiennent les épiceries solidaires à la peine devant l'afflux de nouveaux publics, notamment des jeunes. Ce qui se répand, c'est une économie de la misère et du manque, avec un jeune sur deux qui a réduit ses dépenses alimentaires ou sauté un repas au cours des six derniers mois. Ce n'est pas en refusant de voir ces malheurs que nous les circonscrirons. Bien au contraire, il est plus que temps de légiférer sur l'essentiel, parce que ce dont on parle ici, c'est d'un minimum vital ; ce dont on débat, c'est d'un petit matelas pour les dizaines de milliers de jeunes qui, sans perspective d'emploi ni d'aide familiale, basculent les uns après les autres dans des trappes à pauvreté.
« Ceux qui ont faim ont droit » disait Victor Hugo, mais de quel droit parle-t-on exactement aujourd'hui ? Depuis le début de la crise, dans la stricte ligne de sa politique antisociale, bâtie notamment sur le rétrécissement des aides personnalisées au logement et sur la fin de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), le Gouvernement s'enferre dans un néo-libéralisme et une austérité budgétaire qui mettent à bas toutes les protections, les garde-fous, les conquêtes sociales.
Que sont les aides octroyées aux jeunes en détresse, si ce ne sont des cache-misère plutôt que des remparts à la misère ?