Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mardi 11 mai 2021 à 21h00
Gestion de la sortie de crise sanitaire — Seconde délibération

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Nous avons bien compris qu'en Macronie la démocratie est considérée comme non essentielle : les magouilles antidémocratiques que nous avons pu observer aujourd'hui le confirment.

Il ne vous suffisait pas de confiner les Français, de leur imposer un couvre-feu interminable, de décider d'un trait de plume à quelle heure ils pourront sortir et avec qui, de modifier l'attestation toutes les deux minutes, de fermer tous les lieux de culture et de divertissement ; il ne vous suffisait pas de prolonger l'état d'exception, de réduire les libertés des Français comme jamais depuis l'Occupation : voilà que vous instaurez un pass sanitaire.

À ce sujet, Emmanuel Macron déclarait : « Le pass sanitaire ne sera jamais un droit d'accès qui différencie les Français. » C'est pourtant exactement ce que vous vous apprêtez à faire.

Une restriction de plus, inefficace et injuste. Inefficace, d'abord, puisqu'aucune étude ne garantit qu'on ne transmet pas le virus une fois vacciné. Inefficace, ensuite, parce que vous allez engorger les capacités de test, mettant ainsi en danger la stratégie « tester, tracer, isoler ». Injuste parce que, si l'accès à certains lieux est subordonné à la présentation d'un pass sanitaire, à votre avis, qui en sera exclu ? Les personnes les plus précaires, évidemment, celles que le coronavirus, qui est une épidémie sociale, touche d'abord et avant tout ; celles qui ont déjà des difficultés à accéder aux soins.

Nous sommes opposés à l'idée que les Français soient contrôlés et discriminés en fonction de leur état de santé présumé. Le pass sanitaire n'a de sens qu'aux frontières, pas sur le territoire national.

C'est dans les lieux de divertissement ou de culture que vous voulez y recourir ; à croire que vous tenez à priver jusqu'au bout les Français des petits plaisirs de la vie. En revanche, pas de pass sanitaire pour gagner son lieu le travail – là, c'est comme au moulin : entre qui veut. Aucune mesure coercitive n'a été prise pour assurer la sécurité sanitaire des travailleurs, mais tiens donc, allons restreindre l'accès aux théâtres et aux musées !

En fait, monsieur le ministre, instaurer ce pass sanitaire, c'est se donner bonne conscience à peu de frais. Vous laissez croire que vous agissez pour lutter contre le virus alors que vous luttez simplement contre nos libertés.

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