C'était, madame, un délice de vous entendre, tant vous connaissez parfaitement votre sujet.
Nous sommes très intéressés au bon déroulement de votre mission. Vous savez qu'elle est au coeur des priorités et des engagements, aussi bien du Parlement que du Gouvernement, pour ce mandat. Les préventions individuelle ou collective, s'agissant des crises sanitaires, doivent progresser significativement dans notre pays.
Nous ne pouvons nous satisfaire du retard pris en ce domaine, par rapport aux pays d'Europe du Nord, aux États-Unis et à l'Australie. Ce retard, qui devient criant, est injustifiable. Il faut qu'au terme des cinq années qui viennent nous l'ayons totalement rattrapé.
Il y a donc des efforts considérables à faire. Nous avons entendu vos inquiétudes budgétaires, mais ce n'est pas principalement vers nous qu'elles doivent dirigées : nous vous soutiendrons mais nous ne tenons pas les cordons de la bourse. Certes, il faut des moyens pour conduire vos actions, mais il faut aussi de la détermination : vous l'avez et c'est très encourageant. Ne sous-estimons cependant pas la difficulté dans un pays où la culture de la prévention fait défaut.
J'en veux pour preuve qu'alors que le tabagisme est le premier enjeu de santé publique dans notre pays, que c'est lui qui provoque le plus de morts, le simple fait de rappeler les dispositions de la loi Évin vous attire des critiques... On rétablit sous n'importe quel prétexte l'autorisation de fumer dans la cour des lycées. Les créateurs culturels sont encouragés à faire la promotion du tabac chez les jeunes. Nous sommes à mille lieues de l'engagement de tous les autres pays pour lutter contre ce fléau catastrophique qu'est le tabagisme. Nous voudrions tous que la jeune génération considère que fumer est ringard, fini, que c'est d'un autre temps… Las, ce discours n'est pas suivi d'effet pour l'instant.
Vous avez donc une mission considérable et je ne suis pas sûr qu'il s'agisse seulement de finances : ce qu'il faut, c'est renverser les choses pour passer enfin d'une culture des soins à une culture de la prévention. Faute de quoi, il y aura hélas encore beaucoup de morts telles celle de Johnny Hallyday dans les années qui viennent, compte tenu de l'importance du tabagisme dans la génération actuelle.
Rappelons-nous tous que nous avons déjà beaucoup discouru sur la prévention, sans avoir encore atteint d'objectif significatif. J'ai infiniment confiance dans Santé publique France, dans sa prochaine présidente comme dans son directeur général. Vous devez nous dire quelles aides nous pouvons vous apporter pour qu'une communication plus efficace transforme le regard que la population française porte sur la santé. Pour l'instant, elle croit que la santé, ce sont les soins, alors qu'il s'agit d'abord de conserver le capital-santé. Cela n'a toujours pas pénétré dans les esprits.
Merci encore pour votre connaissance de ces sujets et pour la force de votre conviction.
Je donne la parole à Mme Martine Wonner, référente de notre commission.