Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du lundi 7 juin 2021 à 16h00
Bioéthique — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Deux mille vingt et un, ce père merveilleux est désormais coupable – coupable d'être père ; coupable d'être nécessaire à la conception d'un enfant, à l'engendrement d'une lignée. C'est ce que dit une nouvelle fois l'article 1er du présent projet de loi, pourtant supprimé par le Sénat dans sa sagesse, et que vous avez rétabli, dans votre aveuglement, la semaine dernière en commission – aveuglement, oui, parce qu'en supprimant ce père, c'est l'effacement d'une partie de la femme que vous organisez, et c'est une partie de l'enfant que vous volez.

La femme de votre idéologie s'autosuffira : elle n'aura besoin de rien ni de personne, elle s'autoreproduira, avec pour seul appui non plus un homme, mais la médecine et ses éprouvettes. Elle engendrera même dans sa vieillesse, parce qu'elle aura congelé ses ovocytes pour espérer donner la vie quand elle le voudra. Mais engendrer n'est pas un jeu à somme nulle : moins de père ne donne pas plus de mère.

L'enfant, lui, ne sera plus simplement espéré. Il sera commandé, incubé et payé. Il vivra car, si la médecine ne fait pas de miracle, elle sait défier les lois naturelles qui régissent notre humanité depuis des millénaires. Il vivra, mais sans père. Pourquoi ? Parce que des femmes et des hommes, des adultes – ce sont toujours des adultes, qui, eux, sont nés d'un père et d'une mère – auront décidé à sa place d'enfant que, lui, n'aurait pas besoin de père, au nom de son intérêt supérieur, bien sûr, que vous sortez de votre chapeau d'apprenti sorcier quand cela vous arrange.

Comme cela ne vous suffit pas, vous continuez de transgresser en vous attaquant au droit de la filiation. Pour cela, vous êtes prêts à tout, y compris à assumer les pires contradictions. Au nom d'une pseudo-égalité entre les adultes, vous créez des discriminations entre les enfants à naître – entre ceux qui auront un père et ceux qui n'en auront pas, entre ceux qui auront le droit de faire une recherche en paternité et ceux, issus d'une PMA, qui ne le pourront pas.

Ce que vous faites ? Vous consacrez un mensonge organisé. Que vous le vouliez ou non, un enfant naît de la rencontre entre un spermatozoïde et un ovule, issus d'un homme et d'une femme, d'un père et d'une mère, et cela de façon naturelle ou avec l'aide de la science. Certes, je le sais, vous n'aimez pas appeler « parents » ceux dont sont issus les enfants ; « père » et « mère », vous continuez de dépecer ces mots pour fracturer la réalité elle-même. Vous préférez les mots froids et sans âme de « donneur » ou de « géniteur ».

Mais ce n'est pas tout car, dans votre semblant de toute-puissance, vous voulez créer des chimères animal-homme,…

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