Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du lundi 7 juin 2021 à 16h00
Bioéthique — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Rien ne m'en dissuadera, ni aucune violence, ni aucune menace, car les députés ont le devoir de tenir tête : cette tribune est le lieu où les choses se disent, et cet hémicycle est le lieu où les choses se décident. Le temple de la République méritait donc qu'on vienne y tenir tête.

Il aura fallu que la vidéo soit vue plus de 100 000 fois pour qu'on se décide enfin à en interrompre la diffusion. J'imagine que dans les heures qui viennent, le procureur de la République se saisira d'une plainte au titre de l'article 40 du code de procédure pénale.

Naturellement, je ne confonds pas cette giclée de violence, cette incitation invraisemblable au meurtre, avec le point de vue développé par des collègues hostiles à la PMA. J'en resterai à l'état d'esprit qui fut le mien – et de beaucoup d'entre vous – durant les précédentes séances : nous exposerons nos arguments respectifs. Ce débat échappe en partie à la latéralisation politique traditionnelle, même si certains se retrouvent autour de convictions religieuses ou philosophiques ; ils ont le droit de s'y référer pour formuler leurs arguments.

Il faut le répéter sans cesse : aucun père de famille ne sera déchu de ses droits de paternité et aucune femme ne sera contrainte à la PMA. Il s'agit plutôt de reconnaître une liberté parce qu'elle correspond à une nécessité et parce que, l'expérience le montre, l'éducation d'un enfant – garçon ou fille – par une femme – seule ou vivant avec une autre femme – ne crée aucun des problèmes qu'on observe parfois dans les familles où il y a un papa et une maman. On voit certains parents biologiques être des bourreaux d'enfants, mais personne n'a jamais mentionné, à cette heure, un couple de femmes qui l'ait également été. Aussi nos observations et nos réflexions nous permettent-elles de conclure qu'une telle liberté peut être bonne pour la société et pour des êtres humains, et qu'elle peut être très profitable aux enfants qui seront pris en charge avec amour par deux personnes. Ce qui importe en effet, dans le couple, ce n'est pas tant le sexe – puisque l'orientation sexuelle n'est pas un choix –, que la prise en charge par deux personnes plutôt qu'une.

La charge parentale est plus facilement assumée quand elle repose sur deux personnes. Toutefois, on peut très bien aussi, hélas, devoir la porter toute seule – je le dis au féminin car, le plus souvent, cela concerne les femmes. Des enfants sans papa ni présence paternelle à la maison, il y en a des milliers et des milliers dans le pays. Ils ne seront pas nécessairement déséquilibrés, et la meurtrissure de cette absence ne les affligera pas nécessairement de perturbations psychologiques indépassables.

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