Intervention de Blandine Brocard

Séance en hémicycle du mercredi 9 juin 2021 à 21h30
Bioéthique — Article 15

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBlandine Brocard :

Madame la ministre, monsieur le rapporteur, je vous écoute très attentivement, mais je ne suis pas aussi confiante que vous et je ne partage pas votre lecture. Nous parlons de la création de chimères animal-humain, par le biais d'une insertion de cellules souches embryonnaires ou de cellules souches pluripotentes induites humaines dans un embryon animal. Chimère est peut-être un grand mot ; il n'est pas question de centaure, mais ce n'est pas non plus de la science-fiction !

Je me suis renseignée et je vous entends : d'un point de vue scientifique, cela peut être intéressant. Les essais expérimentaux ne sont pourtant pas concluants. En revanche, les questionnements sont vertigineux : comment garantir que les cellules humaines ne cannibalisent pas l'embryon animal, entraînant une descendance plus humaine qu'animale ? Comment empêcher la migration et le développement de cellules humaines dans le cerveau animal, au-delà des seuils admis par les scientifiques ? Quelle mutation de l'espèce humaine entraîne la xénotransplantation ?

Dans une étude adoptée le 28 juin 2018, le Conseil d'État a identifié trois risques principaux : « le risque de susciter une nouvelle zoonose », c'est-à-dire « une infection ou une infestation qui se transmet naturellement des animaux vertébrés à l'homme et vice versa ; le risque de représentation humaine chez l'animal, si ce dernier acquérait des aspects visibles ou des attributs propres à l'humain ; le risque de conscience humaine chez l'animal si l'injection de cellules pluripotentes humaines produisait des résultats collatéraux induisant des modifications chez l'animal dans le sens d'une conscience ayant des caractéristiques humaines ».

Compte tenu de ces risques sanitaires et des risques de conscience et de représentation humaine chez l'animal, il me semble que nous devons interdire expressément les chimères animal-homme, au même titre que les chimères homme-animal.

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