Tout d'abord, je suis fier d'avoir, avec plusieurs de mes collègues, défendu mes convictions au cours de cette troisième lecture. Nos convictions ne sont ni religieuses, ni philosophiques, mais guidées par des valeurs politiques, souvent juridiques, un peu morales aussi.
J'ai néanmoins beaucoup de regrets et de déception : nos positions sont opposées et totalement irréconciliables, s'agissant notamment de l'intérêt supérieur de l'enfant. En autorisant l'AMP aux femmes seules ou aux couples de femmes, vous allez totalement déstructurer l'intérêt de l'enfant. En effet, cela revient à autoriser la naissance d'enfants par la science, sans père. En cherchant à lutter contre une discrimination entre adultes et en cédant au désir du droit à l'enfant, vous allez créer des discriminations et des inégalités entre les enfants à naître, puisque certains naîtront dans des familles monoparentales, dont on sait bien, aujourd'hui, les difficultés qu'elles connaissent.
Par ailleurs, nous savons que, par ricochet, cela ouvrira le droit à la GPA : si les couples de femmes ont le droit de recourir à l'AMP, demain, des couples d'hommes le réclameront, eux aussi, au nom du droit à l'enfant. La GPA est donc évidemment l'étape suivante et, à ce titre, les dispositions du texte nous paraissent encore plus inacceptables.
Nos positions sont également irréconciliables s'agissant de l'autoconservation des gamètes, qui dévoie les fondements du don, ainsi que sur la levée de l'anonymat du donneur : aucun donneur ne voudra plus donner ses gamètes de crainte qu'un enfant, à dix-huit ans, ne vienne lui annoncer qu'il est son père génétique, et de devoir l'assumer. Partant, vous allez organiser une pénurie de gamètes.
Nous sommes opposés, encore, s'agissant de la recherche sur les embryons, et notamment les chimères.
Alors que les lois de bioéthique faisaient la grandeur de la France, car elles permettaient de respecter le plus vulnérable, vous transformez des lois protectrices en loi progressistes et dangereuses.