Intervention de Jacqueline Gourault

Séance en hémicycle du jeudi 10 juin 2021 à 9h30
Ratification des ordonnances portant réforme de la formation des élus locaux — Discussion générale

Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales :

Nous avons pris, je crois, les mesures qui s'imposaient en permettant aux élus de cumuler les différents financements auxquels ils ont droit en matière de formation et aux communes, et à leurs EPCI de mutualiser l'organisation et le financement de la formation de leurs élus. Je vous remercie en tout cas de votre remarque, monsieur Lachaud.

Vous avez également évoqué, tout comme Raphaël Schellenberger, le respect de leurs obligations par les collectivités territoriales. Il constitue, pour le Gouvernement et les associations d'élus, une priorité. Au cours des prochains mois, nous ferons œuvre de pédagogie pour rappeler aux collectivités la nécessité d'informer les élus de leur droit individuel à la formation et aux élus responsables de la gestion des collectivités territoriales l'obligation d'inscrire dans le budget un montant minimum de 2 % des indemnités des élus destinés à la formation. Pour relayer ces messages importants, nous mobiliserons les préfectures et nous travaillerons avec les associations d'élus.

Monsieur Bruneel, vous dites que l'ordonnance du 20 janvier 2021 portant réforme de la formation des élus locaux ne résout pas la question du financement. Elle ne le fait sans doute pas suffisamment à votre goût, mais son objectif est bien d'assurer le maintien du dispositif, lequel, vous le savez, exige aujourd'hui, pour continuer de fonctionner, une avance de trésorerie de la part de la Caisse des dépôts et consignations. Je comprends votre observation, mais rien ne nous interdira d'envisager des financements complémentaires lorsque la situation sera assainie et consolidée.

Monsieur Rebeyrotte, vous avez évoqué l'interdiction de la sous-traitance et le recours à des formations extérieures. Il était selon moi très important d'interdire la sous-traitance : cette mesure permettra d'assainir la situation et de responsabiliser les organismes agréés sans fragiliser leur modèle économique. Toutefois, il restera possible à un organisme de faire appel à des formateurs extérieurs. Ainsi, une association départementale de maires aura la possibilité de recourir à une expertise pédagogique extérieure, sous réserve qu'elle passe un contrat avec le formateur lui-même. Les choses sont donc claires.

Vous avez par ailleurs posé la question du seuil de financements au-dessus duquel la certification qualité sera obligatoire. Je ne sais pas si vous le savez, mais environ cinquante associations départementales de maires demandent à être agréées pour la formation des élus. Les représentants de l'Association des maires de France (AMF) et des associations départementales de maires que nous avons rencontrés envisagent, à ce stade, un seuil de 100 000 euros, lequel nous paraît raisonnable. Le dispositif ne sera cependant pas définitif : s'il s'avérait que ce seuil n'était pas adapté, nous pourrions le modifier en concertation avec le CNFEL.

Vous l'avez rappelé, monsieur Schellenberger, le Gouvernement a finalement abandonné l'option de droits accordés de manière forfaitaire. Deux raisons principales nous ont conduits à cette décision. La première est la lisibilité du dispositif. Le DIFE actuel et le compte personnel de formation des salariés sont fondés sur des enveloppes annuelles. Il nous a paru cohérent que le DIFE continue de fonctionner ainsi. La seconde raison est la soutenabilité budgétaire. Avec une enveloppe annuelle, la dépense s'effectue au cours du mandat au fur et à mesure que les recettes sont perçues, ce qui limite les besoins de trésorerie et paraît aujourd'hui plus raisonnable compte tenu de la situation financière déjà dégradée du DIFE.

Madame Jourdan, vous avez suggéré que l'État propose un socle de formation de base aux élus locaux. C'est précisément notre intention et nous nous y emploierons grâce à la plateforme de formation en ligne prévue par le projet de loi. Nous aurons à relever ce beau défi au cours des mois à venir. Je crois que c'est la bonne solution pour toucher un grand nombre d'élus avec un contenu de qualité.

Cela permettra d'ailleurs d'informer de leurs droits à la formation ceux qui veulent aller plus loin : cette plateforme sera un outil d'information. Vous vous souvenez – je me tourne vers M. le rapporteur – que la loi relative à l'engagement dans la vie locale et à la proximité de l'action publique a prévu que le préfet et le procureur reçoivent les maires du département après leur prise de fonctions. Ces séances d'accueil des nouveaux élus seront l'occasion de bien expliquer les règles du jeu et aussi, éventuellement, d'organiser des formations. Ayant été pendant des années vice-présidente de l'AMF, j'ai suivi de nombreuses formations grâce notamment aux fonctionnaires de la préfecture et des directions départementales des territoires (DDT) ; en l'espèce, elles étaient gratuites.

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