Intervention de Cédric O

Séance en hémicycle du jeudi 10 juin 2021 à 9h30
Réduire l'empreinte environnementale du numérique en france — Présentation

Cédric O, secrétaire d'État chargé de la transition numérique et des communications électroniques :

Nous allons examiner la proposition de loi relative à la question, très importante à mes yeux, des interactions entre le numérique et la transition énergétique et environnementale. À cet égard, permettez-moi de vous faire part de plusieurs convictions.

La première, que je crois avoir déjà eu l'occasion d'exprimer ici, c'est qu'il n'y aura pas de transition environnementale sans transition numérique, pour une raison finalement assez simple, logique et même presque mathématique : nous évoluons – et nous en prenons plus que jamais conscience – dans un monde dont les ressources environnementales, notamment les matières premières, sont finies. Face à cela, notre consommation est destinée, dans une certaine mesure, à augmenter, là encore pour une raison très simple : alors qu'un habitant de la planète sur quatre vit avec moins de 3 dollars par jour et que les deux tiers de l'humanité vivent avec moins de 10 dollars par jour, nous avons tous l'ambition sociale et humaine de permettre à ces personnes de rejoindre le niveau de vie dont nous bénéficions. Nous devons résoudre cette tension environnementale, qui se traduit par des tensions démocratiques et économiques : il s'agit de faire en sorte que le niveau de vie de l'ensemble des êtres humains continue de progresser, jusqu'à rejoindre celui des pays développés, alors même que les ressources de la planète sont, je le répète, finies.

Nous sommes donc condamnés, pour réussir la transition énergétique et environnementale, à devenir bien plus efficaces. Il existe évidemment une autre possibilité : celle d'une décroissance très stricte – car elle ne saurait être limitée. À titre personnel, et je crois que nous sommes nombreux ici à partager cette vue, j'estime toutefois que cette voie conduirait inévitablement à des tensions économiques, sociales et finalement démocratiques qui se révéleraient probablement insupportables pour nos sociétés. Si nous voulons réussir la transition énergétique et, plus largement, la transition environnementale, nous n'avons donc pas d'autre choix que de nous montrer beaucoup plus innovants et de faire du numérique un des leviers de la transition.

Pourquoi le numérique est-il incontournable ? C'est simple : le domaine des techniques de l'information est régi par une loi bien connue, la théorie mathématique de la communication, qui postule qu'un système devient plus efficient à mesure qu'on y injecte de l'information. Ainsi, plus un système est connecté, plus son efficacité est grande. C'est là que réside l'apport du numérique : dans les gains d'efficience. Le terme « numérique », ici, désigne la capacité à connecter les objets, à déployer de nouveaux réseaux – je vous renvoie à nos débats sur la 5G – et à mettre à contribution la connexion des objets entre eux pour améliorer l'efficacité énergétique de nos systèmes.

À cet égard, pour descendre de la théorie mathématique de la communication de l'information vers des questions beaucoup plus prosaïques, prenons l'exemple de l'agriculture : je me trouvais récemment dans la belle région Bretagne, représentée ici par certains d'entre vous,…

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