Intervention de Bruno le Maire

Séance en hémicycle du vendredi 11 juin 2021 à 9h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2021 — Présentation

Bruno le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance :

…et leurs difficultés en matière d'approvisionnement et de recrutement. J'étais en Alsace il y a quelques jours où j'ai pu discuter avec les chefs d'entreprise du bâtiment et des travaux publics (BTP), de l'hôtellerie ou de la restauration. Tous n'ont eu qu'un seul message : ils n'arrivent pas à recruter et connaissent des problèmes liés à l'approvisionnement en matières premières et à leur coût. Ce facteur est celui qui fragilise le plus le redémarrage, met le plus en difficulté un certain nombre de chefs d'entreprise des différents secteurs et suscite le plus d'inquiétude du monde économique.

Pourquoi rencontrons-nous une telle difficulté sur l'approvisionnement en matières premières ? C'est très simple : il y a eu moins de production de matières premières pendant la crise, et il y a beaucoup plus de demandes qu'attendues en sortie de crise, étant donné la force du redémarrage, ce qui oblige, depuis quelques semaines, l'ensemble des organisations internationales à réviser leurs prévisions de croissance à la hausse. Nous veillerons donc, pour les contrats de commande publique, à ne pas appliquer de pénalités de retard lorsque les retards sont liés aux pénuries d'approvisionnement. Je rencontrerai tous les acteurs concernés la semaine prochaine, afin de mettre en place une médiation de filières entre les différents acteurs du secteur et de trouver des solutions à la difficulté d'approvisionnement en matières premières, difficulté conjoncturelle qui nous semble pouvoir être levée d'ici à quelques mois.

La seconde contrainte est celle du recrutement : difficulté à recruter des couvreurs, à retrouver des salariés dans la restauration, dans l'hôtellerie, dans le bâtiment. Nous avons donc décidé d'investir massivement, avec France relance, pour accélérer les dispositifs de qualification et de formation mis en œuvre par la ministre du travail, de l'emploi et de la formation, Élisabeth Borne : l'aide à la formation du fonds national de l'emploi, le FNE-Formation, pour les salariés en activité partielle, les 200 000 formations aux métiers d'avenir pour les jeunes, un soutien accru à la reconversion.

L'un des grands défis des années qui viennent sera de mieux accompagner les salariés, pour qu'ils acquièrent les formations qui leur donneront accès aux emplois qui se développent, pour les protéger contre les disparitions d'emplois dans d'autres secteurs, qui sont, eux, fragilisés : la France ne le fait pas facilement, mais il est essentiel de relever le défi qui consiste à accompagner tous ceux qui travaillent dans des secteurs difficiles ou qui sont au chômage, vers des métiers d'avenir.

Au-delà de ces défis immédiats, traités dans ce projet de loi de finances rectificative, nous devons aussi relever des défis de long terme, en sortie de crise : j'en vois au moins trois. Le premier d'entre eux est la lutte contre les inégalités. Nous ne voulons pas que sorte de cette crise économique un modèle économique moins juste que celui que nous avions auparavant : nous voulons au contraire qu'il permette de lutter davantage contre les inégalités et remette de la justice au cœur de notre modèle économique.

Nous avons donc décidé de prolonger et de renforcer, dans ce projet de loi de finances rectificative, les dispositifs d'accompagnement qui permettent de soutenir les plus fragiles. L'activité partielle, qui représente plus de 6,4 milliards d'euros, est un moyen de soutenir ceux qui ont le plus de difficultés en matière d'emploi. Nous avons reconduit la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat (PEPA), qui peut atteindre jusqu'à 2 000 euros par salarié, et nous avons maintenu l'ensemble des dispositifs de soutien déjà prévus pour les salariés les plus modestes.

Une telle conception de notre modèle économique passe aussi par plus de justice au niveau international, et par le combat que nous menons, avec le Président de la République, avec cette majorité, depuis maintenant quatre ans, en payant le prix fort, pour la mise en place d'une fiscalité internationale du XXIe siècle plus juste et plus efficace. Nous avons été entendus, et nous avons eu gain de cause, à Londres, il y a quelques jours, au G7 des ministres des finances.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.