Intervention de Véronique Louwagie

Séance en hémicycle du vendredi 11 juin 2021 à 9h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2021 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Louwagie :

Ce mois de juin aurait dû être celui de la reprise économique, celui du retour de la croissance et donc celui d'une puissante relance de notre pays. Hélas, nous sommes encore très loin du compte. Non seulement la situation économique demeure très précaire pour de nombreuses entreprises en souffrance depuis dix-huit mois de crise mais, par ailleurs, les secteurs qui espéraient pouvoir enfin repartir très fortement restent limités dans leur essor par les jauges imposées par la situation sanitaire, la pénurie de matières premières ou les difficultés de recrutement – monsieur le ministre, vous l'avez d'ailleurs souligné. La situation n'invite vraiment pas à céder au triomphalisme.

La croissance du premier trimestre est très décevante avec un recul de 0,1 point du PIB, quand le Gouvernement tablait sur une croissance positive. Le niveau d'engagement des dépenses publiques reste important, les déficits s'envolent et la dette atteint un nouveau record historique, s'élevant à 117 % du PIB, soit 20 points de plus qu'avant la crise, nous plaçant en situation d'alerte maximale.

Le décalage entre les prévisions optimistes et la réalité de la situation économique de notre pays s'explique par le fiasco du début de la campagne de vaccination, qui a connu le pire démarrage parmi les pays d'Europe et nous a fait perdre trois mois sur la reprise. Aujourd'hui, nous en payons le prix, en devant repousser la sortie du « quoi qu'il en coûte ». Résultat des courses : alors que l'épidémie recule enfin – nous ne pouvons que nous en réjouir –, nous sommes obligés, dans le cadre de ce nouveau PLFR, de remettre au pot 15 milliards d'euros. Depuis le début de l'année 2021, le Gouvernement a ainsi dû rajouter 22 milliards d'euros à ce qui avait été voté en loi de finances initiale en décembre dernier.

En conséquence, ce PLFR prévoit davantage de mesures d'urgence que de relance économique. Nous sommes donc très loin de la sortie des aides. Disons-le clairement : alors que nous, députés du groupe Les Républicains, émettons de véritables réserves sur la gestion sanitaire de la crise, nous avons toujours pris nos responsabilités, en votant les mesures d'urgence et en soutenant la logique du « quoi qu'il en coûte » tant que la crise durerait. Nous avons même contribué à améliorer les dispositifs d'urgence et avons poussé le Gouvernement à en faire plus, en proposant notamment des annulations de charges, une prise en charge des coûts fixes des entreprises les plus touchées, ainsi qu'une aide pour le versement des loyers commerciaux.

Ces mesures d'urgence étaient vitales pour des entreprises éreintées par la crise sanitaire, trois confinements et autant de périodes de fermeture administrative, et des mois de vie sous cloche. La solidarité de la nation était indispensable à l'égard des cafés, restaurants, hôtels, discothèques, cinémas, théâtres, acteurs du tourisme. Elle reste aujourd'hui nécessaire, en dépit de l'arrivée de jours meilleurs et l'espoir que cette terrible crise soit enfin derrière nous. Nous voterons donc ce PLFR pour accompagner ces entreprises et amorcer la transition vers la fin des aides, tout en rappelant que ces mesures n'ont pas vocation à perdurer au-delà de l'été.

Pourtant, ce vote ne nous interdit pas de porter un regard lucide et de pointer certaines failles dans la politique du Gouvernement. La première, c'est évidemment la dérive budgétaire vers des dépenses publiques de plus en plus incontrôlées. Si nous soutenons les dépenses d'urgence, la crise ne doit pas conduire le Gouvernement à renoncer définitivement à toute maîtrise des comptes publics. Or c'est exactement la pente que nous suivons aujourd'hui et que le président de la commission des finances, à l'instant, a dénoncée à juste titre. En effet, la Cour des comptes déplore que, sur les 66 milliards de dépenses supplémentaires en 2021, 41 milliards d'euros, soit près des deux tiers, correspondent à des dépenses ordinaires, donc sans lien avec la crise. En 2021, la France pourrait être le pays où le poids de la dépense publique progresse le plus vite.

Hélas, nos finances publiques s'avèrent déjà nettement plus détériorées que celles de nos voisins…

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