Intervention de Jean-Louis Bricout

Séance en hémicycle du vendredi 11 juin 2021 à 9h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2021 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bricout :

Bref, le moment est très mal choisi. Ce n'est pas très sérieux : c'est même irresponsable.

Tout porte à croire que les débats sont fixés en fonction des enjeux électoraux. Vous annoncez de belles intentions en vue des élections départementales et les régionales mais, en réalité, celles-ci ne prennent pas forme dans ce texte. En définitive, votre opportunisme consiste à attendre le budget pour 2022, de sorte que les aides finissent par arriver pendant la campagne présidentielle – comme par hasard. Vous êtes obsédés par les enjeux électoraux et, comme beaucoup d'élus d'opposition le soulignent, vous êtes enfermés dans un dogmatisme qui vous rend aveugles et qui plonge notre pays dans l'iniquité et l'injustice.

Pour vous ramener à la raison, le groupe Socialistes et apparentés défendra plusieurs amendements, portant sur trois points essentiels.

Les premiers visent à générer de nouvelles recettes pour limiter notre dette. En effet, la situation de la dette est telle que la solvabilité de la France sera demain un enjeu majeur. Vous le savez, la croissance ne fera pas tout. Nous ne vous laisserons pas nous engouffrer dans un avenir proche dans l'austérité, synonyme de baisse drastique des dépenses, à coups de réformes structurelles sur le dos des plus fragiles, à savoir les chômeurs et les retraités. Nous avons besoin de ces recettes pour faciliter la revalorisation des salaires des aides à domicile, lancer le plan grand âge, ou encore renforcer davantage l'hôpital – les sujets ne manquent pas.

Nous vous proposons la contribution exceptionnelle de quelques-uns – les plus riches –, ceux qui se sont le mieux sortis de la crise. Nous vous demandons de rétablir l'ISF – impôt de solidarité sur la fortune –, dont la suppression a engendré la perte de 3,2 milliards d'euros de recettes. Cette somme permettrait de distribuer 1 000 euros à 3,2 millions de retraités aux pensions modestes, soit une sorte de treizième mois. Vous voyez, en fin de compte, il en faut peu pour être heureux !

Nous vous demandons également d'instituer une tranche supplémentaire pour l'impôt sur le revenu et de supprimer la flat tax. Nous vous demandons d'augmenter la taxe sur les services numériques – la taxe GAFA. Ces grands du numérique ont largement profité de la crise, mais la taxe n'a finalement rapporté que la moitié de ce qui était prévu : allez y comprendre quelque chose ! De la même manière, nous vous demandons d'augmenter la taxe sur les transactions financières.

Notre deuxième série d'amendements vise à rendre votre budget étanche, afin de boucher « les trous dans la raquette », comme nous aimons à le dire. Ces amendements concernent d'abord la jeunesse, au sujet de laquelle nous n'avons cessé de vous alerter. En définitive, c'est un droit à l'emploi et à la formation opposable que nous leur devons. Tout doit être entrepris dans ce sens, faute de quoi nous leur devons une rémunération. Car pendant que vous tergiversez sur la sémantique, pour ne pas avoir à reconnaître que nous avons raison, les jeunes font la queue devant les banques alimentaires. J'espère que vous entendrez les revendications que nous faisons en leur nom.

Toujours pour répondre à l'urgence sociale, nous vous demandons de débloquer 100 millions d'euros pour l'hébergement d'urgence des victimes de violences conjugales et familiales : 50 millions d'euros pour les mineurs et 50 millions pour les victimes de violences sexuelles ou sexistes.

Enfin, notre troisième série d'amendements portera sur les aides d'État. Toutes les entreprises du CAC40 ont bénéficié d'aides pendant la crise. Si c'était nécessaire pour leur éviter le crash, tant mieux ! Sauf qu'elles ont annoncé 62 500 suppressions d'emploi dans le monde, dont la moitié en France, tout en affichant des profits pour trente-quatre d'entre elles – lesquels sont même supérieurs à 2 milliards d'euros pour dix d'entre elles. Or 42 milliards d'euros de dividendes ont été distribués pendant la crise et 51 milliards devraient l'être cette année. Total, par exemple, supprime 2 300 postes, mais verse 7 milliards d'euros à ses actionnaires. Certes, le capital doit être rémunéré, mais pas grâce à l'argent public.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.