Intervention de Jean-Charles Colas-Roy

Réunion du mardi 19 décembre 2017 à 9h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Charles Colas-Roy, rapporteur :

Nous arrivons au terme de nos débats et de nos travaux sur ce projet de loi mettant fin à la recherche et à l'exploitation d'hydrocarbures, en France, à l'horizon 2040.

Je veux tout d'abord remercier la présidente Barbara Pompili pour la sérénité des débats, instaurée au sein de cette commission, et saluer le dialogue constructif engagé sur ce texte entre les différents groupes, en commission et, par-delà, dans l'hémicycle. Permettez-moi également, à l'heure des derniers discours prononcés sur le projet de loi, de louer le travail admirable des administratrices de la commission développement durable et aménagement du territoire.

Les divergences entre l'Assemblée nationale et le Sénat sur ce projet de loi sont nées de l'introduction, en première lecture, par la chambre haute, d'une série de dérogations visant à dénaturer l'esprit et la portée concrète des dispositions relatives à l'arrêt progressif de la recherche et de la production d'hydrocarbures.

Le 21 novembre dernier, la commission mixte paritaire n'a pas réussi à trouver un accord et, le 1er décembre, l'Assemblée nationale a rétabli les dispositions adoptées en première lecture tout en conservant quelques modifications introduites par le Sénat.

La semaine dernière en nouvelle lecture, le Sénat a rejeté en bloc le texte, avec l'adoption d'une question préalable, estimant que les divergences entre les deux assemblées étaient trop profondes.

In fine, le désaccord persistant entre les deux chambres ne peut être tranché que par le recours au dernier mot de notre assemblée. Il nous est donc demandé de nous prononcer aujourd'hui, sur la même version du texte que celle que nous avions adoptée, voilà quelques semaines.

Même si je regrette cette absence d'accord entre les deux chambres, ce dissensus a le mérite de la clarté et met en lumière deux visions orthogonales de la transition énergétique. L'une, volontariste, ambitieuse, portée par notre assemblée et l'autre, conservatrice, défensive, portée par la majorité sénatoriale. Cette attitude illustre également le jeu de posture politique de nos collègues du Sénat, au détriment d'un engagement qui devrait pourtant transcender les clivages politiques en faveur de la transition écologique et énergétique et de la sortie progressive de notre dépendance aux énergies fossiles. Car ne nous y trompons pas : il s'agit ici de prendre nos responsabilités face à l'urgence climatique, et d'agir pour préserver l'avenir de notre planète.

L'enjeu de cette loi, vous le savez, est bien de planifier la fin de la production de pétrole et de gaz, sur notre territoire, et de laisser les énergies fossiles dans le sous-sol.

Nous avons examiné ce texte en commission pour la première fois, le 26 septembre dernier. Depuis le début de nos travaux, que s'est-il passé ?

La COP23 s'est tenue, et a confirmé la volonté de la quasi-totalité des pays du monde pour revoir leurs engagements pour le climat, tout en développant les moyens de mise en oeuvre de l'Accord de Paris.

15 000 scientifiques de 164 pays ont lancé un appel afin de rappeler l'urgence d'accélérer nos actions pour lutter contre le réchauffement climatique.

Face au désengagement de l'administration « Trump» aux Etats-Unis et dans ce contexte d'urgence absolue, la France a accueilli la semaine dernière le « One Planet Summit ». 127 pays et des centaines d'acteurs non-gouvernementaux étaient présents et ont annoncé ensemble un panel d'actions concrètes pour renforcer la mobilisation des financements en faveur du climat et de la transition écologique. Je pense d'abord à l'engagement répété de la France pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Je pense ensuite à la coalition pour la sortie du charbon, à laquelle nous participons aux côtés de pays comme le Brésil, la Finlande ou encore le Mexique. Je pense également à cette annonce forte de la Banque mondiale qui s'est engagée à arrêter de financer les projets d'exploitation de pétrole et de gaz à partir de 2019.

Durant ces trois derniers mois, la communauté internationale a accéléré sa mobilisation vers un monde sobre en carbone. La transition énergétique et écologique est, plus que jamais, à l'oeuvre.

La France est à l'avant-garde de ce changement de paradigme. Oui, la France est un des pays moteurs de la lutte contre le changement climatique et continuera à l'être tout au long de cette législature.

Aujourd'hui, par cette loi, nous posons un jalon qui n'est qu'une première pierre de l'ensemble d'une politique cohérente visant à sortir des énergies carbonées, diminuer nos consommations, promouvoir les énergies nouvelles et innover dans notre approche de la transition énergétique.

Mes chers collègues, soyons au rendez-vous de notre histoire. Adoptons ensemble ce texte, afin de pouvoir dire aux générations futures que oui, nous savions l'urgence d'agir, nous avons agi, sans attendre !

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