Intervention de Valérie Petit

Séance en hémicycle du lundi 14 juin 2021 à 21h30
Impact des mesures prises dans le cadre de la crise sanitaire sur la santé et l'espérance de vie des français

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Petit :

On estime leur nombre à au moins 1,5 million et l'évaluation demeure insuffisante.

Aujourd'hui, la compréhension et le traitement des séquelles de la covid-19 restent encore trop peu évalués, et, par conséquent, trop peu pris en compte. Les équipes de recherche sur le covid long manquent de moyens humains et financiers pour comprendre la maladie ; le monde professionnel et la médecine du travail sont encore insuffisamment sensibilisés et formés ; les malades peinent à être détectés et pris en charge à travers des parcours de soins dédiés. L'exemple du covid long est pertinent pour montrer qu'il est urgent de mieux connaître et évaluer afin de mieux agir.

Il nous faut aussi mieux évaluer pour mieux corriger les effets des confinements en matière de renoncement aux soins, de déprogrammation des soins, de recul des dépistages, de l'aggravation de certaines pathologies ou encore de changements d'attitude à l'égard de la vaccination.

Enfin, il nous faut aussi prendre en considération la santé mentale des Français. Là encore, il s'agit d'un effet difficile à appréhender et ayant des conséquences à long terme, sur lequel nous devons conduire une évaluation plus rigoureuse. Nous savons notamment que 19 % des Français souffrent d'un état dépressif, soit neuf points de plus par rapport au niveau observé avant l'épidémie. Là aussi, nous avons besoin de plus d'éléments pour apporter des réponses quant à la prise en charge des patients et à la formation des médecins. En outre, plus d'un tiers des Français ont nettement augmenté leur consommation de tabac, de cannabis ou de médicaments psychotropes. Les troubles de l'addiction constituent une autre urgence de santé qu'il nous faut évaluer et prendre en charge, et pas seulement en condamnant à des amendes forfaitaires.

Au-delà de la santé à court terme de nos concitoyens – c'était le sens de mon introduction –, il est urgent de chiffrer les conséquences sociales de la crise de la covid-19 car, nous le savons, la pauvreté abîme et abrège la vie. Ces vies que la crise détériore, c'est pour elles qu'il nous faut à présent nous mobiliser et nous battre. Mener une évaluation rigoureuse du coût social de la crise sur l'espérance de vie est un moyen de ne pas sous-estimer le combat qui est devant nous et qui doit être une priorité de nos politiques publiques. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous rassurer sur la volonté du Gouvernement, et notamment de votre ministère, qui est aussi celui des solidarités, de mesurer également l'impact sanitaire de la fragilisation sociale et de la pauvreté dont sont victimes nos concitoyens les plus fragiles ?

Enfin, ma dernière question porte sur les moyens dévolus pour évaluer l'effet des mesures prises dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire. Lors de la préparation de cette intervention, j'ai eu le plaisir de travailler avec nos statisticiens, en particulier ceux de l'INSEE, de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques – DRESS – et de la direction de l'animation, de la recherche, des études et des statistiques – DARES. Leur expertise et leur travail précieux sont essentiels à la conduite d'une évaluation rigoureuse des effets sanitaires et sociaux de la crise et je souhaitais tout particulièrement les saluer – j'espère que les bouchers de Tourcoing me le pardonneront.

Vous le savez, il reste beaucoup à faire pour faciliter le partage des données et la collaboration des administrations en matière de statistiques. C'est un chantier essentiel pour l'évaluation des impacts de la crise sanitaire. Pourriez-vous nous indiquer s'il est bien inscrit dans l'agenda, notamment du ministère de la transformation et de la fonction publiques ?

Monsieur le ministre, cher Olivier, je vous remercie d'avance pour vos réponses précises et je souhaite à notre hémicycle un débat riche, éclairé et productif, sous vos applaudissements enthousiastes.

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