Intervention de Agnès Thill

Séance en hémicycle du lundi 14 juin 2021 à 21h30
Impact des mesures prises dans le cadre de la crise sanitaire sur la santé et l'espérance de vie des français

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAgnès Thill :

Selon les chiffres de l'INSEE, la pandémie de covid-19 a réduit l'espérance de vie des Français, la portant à 85,2 ans pour les femmes, soit une diminution de quasiment cinq mois, et à 79,2 ans pour les hommes, soit une diminution de six mois. Mais ce chiffre constitue une estimation moyenne ; il est indispensable de l'analyser plus en profondeur. Tous les Français n'ont pas perdu cinq à six mois d'espérance de vie. En revanche, la crise de la covid-19 a entraîné une surmortalité des personnes âgées qui a mécaniquement fait baisser l'espérance de vie.

La question des personnes âgées est évidemment le point clef de notre débat sur l'évaluation de l'impact des mesures sanitaires sur la santé et l'espérance de vie des Français. À cet égard, plusieurs dysfonctionnements sont à relever, notamment de nombreuses confusions sur les véritables causes des décès. Certains ont en effet été comptabilisés à tort comme des disparitions liées au coronavirus. Cela s'explique entre autres par le dysfonctionnement du système d'information et de dépistage de Santé publique France.

En outre, la gestion de la crise sanitaire dans les EHPAD a été fortement critiquée, y compris au sein de notre hémicycle, à de nombreuses reprises et par beaucoup de collègues. Un grand nombre de résidents n'ont pas été condamnés par le confinement ; il n'est pas exagéré de dire que certains en sont véritablement morts. Je me permets d'insister sur ce point par respect et par justice pour ceux qui ont vécu ces situations parfois véritablement inhumaines.

Protégées du coronavirus mais livrées à la solitude, beaucoup de personnes âgées ont été véritablement en dépression, certaines refusant même de s'alimenter, coupées des leurs, sans pouvoir leur dire adieu. Monsieur le ministre, elles ne sont pas mortes de la covid-19, mais de solitude, de désespoir et de tristesse. Pour nous couvrir juridiquement, on les a empêchées de mourir. Ce faisant, on les a empêchées de vivre. Or empêcher de vivre, c'est tuer.

Comment pouvez-vous expliquer que des centaines de personnes n'aient pas pu voir leurs proches même une dernière fois ? Pourquoi n'ont-elles pas pu se tenir une dernière fois la main, enveloppées dans des housses ?

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