Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du lundi 14 juin 2021 à 21h30
Impact des mesures prises dans le cadre de la crise sanitaire sur la santé et l'espérance de vie des français

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Voici que dit Antoine, 43 ans, atteint d'un cancer du foie : « La nuit, je cauchemarde sur mes tumeurs qui augmentent et se développent. Elles auraient dû être traitées dès avril 2020 et ne l'ont été qu'en juin. Résultat : des métastases deux mois plus tard. On devient fou, à penser à tout ce temps perdu sur la maladie. La France se vante d'avoir échappé à une situation à l'italienne, avec des patients soignés dans des couloirs, faute de place. Mais qu'est-ce qu'elle fait de nous, à part nous laisser malades chez nous ? La France a échoué à l'instant où elle a cessé de prendre soin de tout le monde. »

En novembre dernier, la Ligue contre le cancer évaluait à 30 000 le nombre de cancers non détectés ou détectés tardivement. Elle estime aujourd'hui que ce sont près de 93 000 cancers qui n'ont pas été détectés en 2020, ce qui pourrait entraîner la mort de 1 000 à 6 000 personnes dans les prochaines années.

Dans son dernier rapport, l'assurance maladie a quant à elle constaté un recul sans précédent du recours aux soins de ville au cours du premier confinement. Ce recul atteint 80 à 90 % pour l'ophtalmologie et les soins dentaires, 60 % pour les spécialistes et de 30 % pour les généralistes. De plus, 80 % des opérations ont dû être reprogrammées pour libérer des lits. Résultat : 47 % de la population a vu ses soins annulés ou reportés. En outre, 24 % des personnes déplorent une aggravation de leurs symptômes et une dégradation de leur état de santé. Cette situation a entraîné une perte de confiance dans le système de santé chez 29 % des personnes concernées par les déprogrammations, tandis que pour 11 % des personnes interrogées, elle a créé de l'angoisse.

La santé mentale est particulièrement concernée par cette dégradation. L'infographie réalisée par OpinionWay sur l'état psychologique des salariés français après un an de covid-19 révèle ainsi combien la détresse psychologique de la population s'est accentuée. Ainsi, 45 % des personnes interrogées ressentent de la détresse au travail, dont 20 % à un niveau élevé. Le taux de dépressions nécessitant un accompagnement a explosé, passant de 21 à 36 % en un an. Quant au nombre de burn-out, il a presque doublé en un an, avec près de 2 millions de personnes en situation de burn-out sévère.

Or notre système de soins n'est aujourd'hui pas en mesure de faire face à l'arrivée d'une telle vague de pathologies et de troubles, qu'ils soient physiques ou mentaux. Les cures d'austérité infligées par les gouvernements successifs, dont le gouvernement actuel, l'ont gravement, dangereusement affaibli. La gravité de la situation a éclaté au grand jour avec la crise du covid-19, mais l'épiphanie jupitérienne du 12 mars 2020 – « La santé n'a pas de prix », s'est exclamé le Président de la République – n'aura duré le temps que du premier confinement. Censé permettre aux soignants et soignantes de remplir leur mission dans de bonnes conditions, le Ségur de la santé est largement insuffisant.

Cette année, le Gouvernement a infligé 4 milliards d'économies supplémentaires aux dépenses de santé. En pleine pandémie, les fermetures de services et de lits d'hôpital se poursuivent à bas bruit :…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.