…là où la vague frappait encore plus dur qu'en France, notamment en Espagne, qui a connu une vague de décès en EHPAD bien plus importante que la nôtre ; j'ai parlé à des directeurs de groupement, dans le secteur public ou privé, extrêmement émus par ce qu'ils avaient vécu, qui nous ont conjurés de prendre des mesures d'isolement et de protection. Car, quand le virus est entré dans certains établissements – nous sommes alors au printemps 2020 –, il ne va pas tuer deux personnes, ni cinq personnes ; il peut en tuer trente ou quarante dans la semaine.
Je connais votre engagement farouche en faveur de la vie, quoi qu'il en coûte – je ne crois pas que vous soyez une partisane de l'euthanasie. Mais envisager de prendre le risque de laisser le virus circuler dans un EHPAD une fois qu'il y est entré, le laisser contaminer les personnes âgées, et advienne que pourra, c'est pire que tout. C'était une décision difficile ; je ne dis nullement qu'elle a été appliquée partout comme il le fallait, mais c'était une décision destinée à protéger et à sauver des vies, et je la revendique ici. Si nous ne l'avions pas prise, il y aurait eu beaucoup plus de morts.