Intervention de Olivier Véran

Séance en hémicycle du lundi 14 juin 2021 à 21h30
Impact des mesures prises dans le cadre de la crise sanitaire sur la santé et l'espérance de vie des français

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

Mme Mireille Robert a soulevé également la question de l'impact de la crise sur la santé mentale. Je le répète : les Assises nationales de la santé mentale et de la psychiatrie seront l'occasion d'y revenir. J'ai une pensée et, plus encore, une attention particulière de tous les instants pour les publics les plus jeunes, les étudiants, qui ont vécu une année absolument hors norme, très difficile.

Plusieurs députés ont mentionné également le problème du non-recours aux soins. Pendant le premier confinement, nous avons enregistré une baisse très sensible des hospitalisations pour accident vasculaire cérébral (AVC) ou infarctus. Or si l'on peut comprendre que l'on soit moins enclin à aller aux urgences en période de pandémie quand on souffre d'un problème susceptible d'être résolu autrement, lorsqu'on est paralysé par un AVC, il faut aller aux urgences ou appeler le SAMU. Les scientifiques n'ont pas encore trouvé d'explication à ce phénomène. Nous aurions pourtant pu imaginer a contrario une hausse du nombre de ces accidents dans une telle période de stress collectif.

Nous avons, très rapidement et sans délai, déployé tout ce que nous pouvions pour permettre aux Français qui ne pouvaient plus se déplacer de bénéficier d'une consultation, notamment la télémédecine. Un chiffre, pour s'en convaincre : nous sommes passés, en trois jours, de 10 000 téléconsultations par semaine à un million. J'ai autorisé des téléconsultations infirmières, et de la rééducation par kinésithérapie par écrans interposés– par le biais de Skype, WhatsApp, et de toutes les applications possibles et imaginables. Je ne dis pas que cela a suffi, mais cela a permis de pallier une partie de la baisse de la demande.

Je voulais répondre également au député Patrick Hetzel, mais il est parti. J'aurais peut-être l'occasion de le faire s'il revient. J'ai aussi apporté une réponse, au moins partielle, au député David Corceiro.

Enfin, monsieur David, toutes les expertises internationales le disent : comparer la mortalité par habitant de pays qui sont aux quatre coins du monde, comparer des pays d'Asie, d'Amérique du Nord ou d'Amérique du Sud avec des pays européens revient à nier le fonctionnement par vagues de la pandémie. Un premier foyer infectieux mondial, très important, est survenu en Europe occidentale, à l'ouest de l'Allemagne : l'Italie, l'Espagne, la France, et d'autres pays encore comme la Suisse, la Belgique ou les Pays-Bas ont été très touchés. La deuxième vague a affecté quant à elle beaucoup plus l'Europe de l'Est. L'Allemagne a alors payé un lourd tribut. D'autres pays comme la Roumanie ou la Serbie, qui avaient presque été épargnés par la première vague, ont subi une vague bien plus forte que celle que nous avons connue en France. Par la suite, durant la période estivale, la pandémie a frappé très fort dans l'hémisphère sud du fait de l'hiver austral – en Afrique du Sud, au Brésil, ou encore en Australie où on a observé une résurgence de cas.

Le virus circulait de telle façon sur la planète qu'il touchait au même moment des grappes de pays parfois très distinctes – ainsi, la France a pu être frappée en même temps que les États-Unis. Vous ne pouvez pas comparer la mortalité par habitant d'un pays à l'autre, tous les pays n'ayant pas été affectés de la même façon par les vagues épidémiques. En revanche, il est pertinent de comparer les mortalités de tous les pays d'un même segment géographique. Vous verrez que, sur ce point, la France n'a pas à rougir, même si nous avons enregistré de très nombreux décès.

À l'heure à laquelle nous parlons, le covid-19 a provoqué plusieurs millions de morts sur la planète. Il y a encore des gens qui en meurent tous les jours. Il faut nous garder de tout commentaire trop péremptoire, et éviter de comparer les uns aux autres. En septembre, on me parlait ainsi avec beaucoup d'enthousiasme de la très bonne gestion de la crise sanitaire par l'Italie, qui évitait la deuxième vague. Or trois semaines plus tard, l'Italie s'est trouvée ensevelie sous le virus et obligée de placer des malades sous oxygène dans leur voiture en attendant un lit d'hôpital. Il faut donc toujours rester prudent. La dernière comparaison entre la France et un autre pays s'est faite avec l'Angleterre. C'était il y a trois semaines, dans cet hémicycle. Or l'Angleterre recense désormais presque deux fois plus de malades par jour que nous. Je lui souhaite évidemment que la situation s'améliore. Vous le voyez, le virus ne fait pas de politique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.