Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du lundi 14 juin 2021 à 21h30
Impact des mesures prises dans le cadre de la crise sanitaire sur la santé et l'espérance de vie des français

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Selon le pédopsychiatre Bruno Falissard, le nombre de consultations des pédopsychiatres a augmenté de 50 % depuis le début de la crise pandémique, alors que le nombre de pédopsychiatres a été divisé par deux en dix ans. Des chercheurs de l'INSERM – Institut national de la santé et de la recherche médicale – et de l'INED – Institut national d'études démographiques – ont également révélé que 13 % des enfants de 8 à 9 ans ont connu des troubles socio-émotionnels pendant le confinement ; 2 % d'entre eux ont éprouvé des troubles du sommeil. De plus, 24 % des enfants issus d'un échantillon de 432 ménages présentaient des symptômes d'hyperactivité et d'inattention pendant le premier confinement. Or en 2018, 12 % des enfants et adolescents étaient déjà en souffrance psychique d'après le réseau européen des défenseurs des enfants. La situation ne date donc pas d'hier ou de la période de crise ; il en est de même de l'état dégradé de la pédopsychiatrie.

Il y a trois ans, le 17 avril 2019, des membres du personnel du centre médico-psychologique du 19e arrondissement de Paris, dont je suis la députée, organisaient une journée de grève et de mobilisation festive pour sensibiliser les familles, les enfants et les associations au devenir de leur secteur. Dans cet arrondissement, où la population a augmenté de 20 % en vingt ans, la demande a explosé. Or de nombreuses familles sont confrontées à des difficultés socio-économiques qui les amènent à retarder les consultations.

La pédopsychiatrie est au bout du rouleau : manque de moyens et de postes ; une administration qui peine à admettre qu'en la matière, ce qui compte, c'est le temps et le lien. L'équipe du 19e arrondissement, comme beaucoup d'autres à travers le pays, croule sous le travail. Dans les trois centres médico-psychologiques du secteur, le temps d'attente pour un premier rendez-vous varie entre trois mois et un an pour les adolescents ; dans celui de l'avenue de Flandre, 140 enfants sont sur une liste d'attente.

Lors de leur mobilisation, les personnels demandaient des moyens humains et matériels à la hauteur des besoins de la population : le doublement des effectifs médicaux et non médicaux, des locaux adaptés, une hausse des budgets des activités thérapeutiques et des séjours, des moyens de formation, etc. Ces demandes et ces revendications restent éminemment d'actualité. Monsieur le ministre, quelles réponses comptez-vous apporter aux professionnels et surtout aux enfants et aux familles qui auront encore plus besoin de soins ?

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