Après la crise sanitaire, la crise sociale touchera les plus précaires, les travailleurs des première et seconde lignes, les habitants des quartiers défavorisés et les jeunes. Encore une fois, la situation tendra à la société française un miroir grossissant des inégalités. Outre que notre société subira durablement les effets sanitaires et économiques de la pandémie, celle-ci a agi comme un révélateur des mécanismes d'exclusion et de pauvreté qui la fracturent.
Dans cette crise si violente, un triple mécanisme est à l'œuvre. En paralysant l'économie et les dynamiques d'insertion, la pandémie a d'abord empêché les personnes en situation de précarité d'en sortir, en déstabilisant toutes les relations sociales et les structures collectives qui les soutiennent. Elle a ensuite précipité dans la pauvreté des milliers de salariés et d'indépendants au statut déjà précaire. Enfin, et c'est un choc, elle a lourdement pesé sur les collégiens, lycéens, étudiants, jeunes sans emploi ni formation, sans statut – tous nos jeunes –, à un moment charnière de leur vie, avec peut-être des conséquences néfastes à long terme.
Face à cette situation, certains présidents de conseil départemental, dont celui de la Gironde, et la maire de Paris ont récemment affirmé leur volonté d'ouvrir le bénéfice du RSA aux jeunes de 18 à 25 ans et d'expérimenter un revenu de base. Je partage leur analyse. La France a toujours su avoir l'audace de l'innovation sociale. Aujourd'hui, ils demandent au Gouvernement d'être fidèle à notre histoire sociale et de les laisser expérimenter dans leur territoire des solutions nouvelles pour accompagner nos concitoyens. Le Gouvernement est-il prêt à faire confiance à l'action locale de ces départements qui, parce qu'ils mènent une action sociale et territoriale, peuvent être les mieux placés pour lutter contre la crise ?