Monsieur le député, il y a quelques jours, avec Mme la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, j'étais en Seine-et-Marne, dans un centre spécialisé dans l'accompagnement, la rééducation et, si j'ose dire, la reconstruction de ceux qui, après avoir subi un accident de la route notamment, voient leur vie transformée – rarement en mieux, monsieur le député.
En une fraction de seconde, parfois suite à une inattention, de la personne blessée ou de celle qui est responsable de l'accident, des vies sont cassées, brisées, amputées. Peut-être avez-vous eu l'occasion de visiter de tels centres, monsieur le député, et peut-être, comme de très nombreux Français, avez-vous eu la malchance voire le terrible malheur d'être touché, ou vos proches, par des accidents de la route.
L'utilisation de la voiture, l'usage des routes est une liberté et chacun ici se plaît à penser qu'il est responsable sur la route, qu'il maîtrise, qu'il sait ce qu'il fait. Pour vous dire la vérité, monsieur le député, j'ai moi-même cédé à cette impression, à cette griserie de liberté et de maîtrise. Je ne prétends pas être le plus responsable des automobilistes. Il m'est arrivé de rouler trop vite et il m'est arrivé d'en être sanctionné.
Vous avez évoqué des chiffres qui sont justes, monsieur le député. Je sais que chaque année 3 500 personnes, 3 500 Français, des hommes, des femmes, des enfants trouvent la mort sur nos routes. Trois mille cinq cents ! Je sais que 72 000 personnes chaque année – 72 000 ! – sont victimes d'accidents qui les laissent cassées, brisées, amputées. Je sais comme vous, monsieur le député, qu'il y a quinze ans, ces chiffres étaient considérablement supérieurs. Il y a un peu plus de quinze ans, on comptait parfois jusqu'à 10 000 tués sur les routes françaises. Parce que des gouvernements, parce que des présidents de la République successifs se sont engagés – je pense évidemment à l'engagement très fort qu'a pris le président Jacques Chirac – le nombre de tués et de blessés a diminué. D'une certaine façon, nous devons évidemment nous réjouir d'être passés d'environ 10 000 à 3 000 ou 3 500 tués.
Monsieur le député, il se trouve qu'en dépit de l'amélioration des véhicules, en dépit de l'efficacité de l'ensemble des campagnes de prévention, le nombre de tués et de blessés augmente depuis 2014. Pas très vite ! Mais il ne diminue pas, et augmente légèrement.
Comme vous, je ne me satisfais pas de ces chiffres. Je ne peux pas me satisfaire de ce nombre extravagant de drames et de vies brisées. Nous devons donc collectivement nous saisir de ce problème et essayer d'y apporter des solutions. Je ne crois pas, que la réponse réside dans une seule d'entre elles, et vous non plus d'ailleurs.
Il faut évidemment engager un programme important de sécurisation et d'entretien des infrastructures. Remarquez avec moi que l'accent mis par le Gouvernement sur les transports du quotidien plutôt que sur les grandes infrastructures répond notamment à ce besoin.
La sécurité des véhicules s'accroît, et c'est tant mieux, mais vous savez comme nous tous ici que la vitesse, notamment sur ce que l'on appelle le réseau secondaire – non par son importance mais parce qu'il n'est pas constitué de ces grandes autoroutes et routes nationales avec deux fois deux voies bien séparées – est en cause. Le réseau secondaire bidirectionnel, sans séparateur central, est celui sur lequel surviennent le plus grand nombre d'accidents, et les plus graves.
J'ai indiqué – et je l'assume, monsieur le député, en ayant bien conscience que cette proposition ne susciterait pas un grand enthousiasme ou une grande popularité – que la mesure consistant à ramener la vitesse sur ce réseau secondaire bidirectionnel sans séparateur central de 90 à 80 kilomètres heure permettrait, grâce à son respect par l'immense majorité des automobilistes, de diminuer de 300 à 400 le nombre de morts annuel et, dans une proportion équivalente, le nombre de blessés.
Je comprends parfaitement que l'on me demande, d'abord, de veiller au respect des limitations de vitesse, …