Monsieur le ministre de l'économie, des finances et de la relance, monsieur le ministre délégué chargé des comptes publics, nous sommes ici aujourd'hui pour contrôler votre action durant la crise sanitaire. Après quinze mois effroyables marqués par la pandémie de covid-19 et ses conséquences graves sur notre société, nous pouvons finalement envisager de nous relever. La crise a eu un fort impact sur notre économie et l'État a pris des mesures d'aide radicales et inédites pour accompagner la plupart des entreprises et faire en sorte que notre économie ne bascule pas. Aujourd'hui, nous pouvons enfin espérer une sortie de crise, espérer voir toutes nos entreprises de se relever à la fin de cette période sans précédent.
Effectivement, l'État a apporté des aides : vous avez mis en place un plan de relance de 100 milliards d'euros ; mais il reste cependant de nombreux problèmes à résoudre et je vous ai déjà alertés à plusieurs reprises à ce propos. Certains entrepreneurs de mon département ont été durement touchés – vous les connaissez, messieurs les ministres –, mais le Gouvernement n'a, jusqu'à présent, trouvé aucune solution.
Ces grands oubliés du fonds de solidarité et de toutes les aides sont nombreux en France. C'est d'autant plus préjudiciable que cela a anéanti, ou fortement affaibli, les ambitions de développement économique de très nombreux porteurs de projet. Je pense plus particulièrement aux entrepreneurs qui ont eu la malchance ou l'audace d'investir à la veille de la crise ou pendant celle-ci.
Malheureusement, comme vous le savez, ces audacieux, qui n'entraient dans aucune case pouvant déclencher des aides, se sont retrouvés sans ressources, avec des projets à mener à bien mais sans pouvoir travailler parce que les confinements successifs et les restrictions d'ouverture les ont empêchés de réaliser du chiffre d'affaires.
Cette situation est d'autant plus difficile pour ces entrepreneurs que non seulement ils ont été exclus du bénéfice du fonds de solidarité mais qu'ils ont aussi été contraints d'épuiser leur trésorerie, voire leurs ressources personnelles, pour faire face aux charges fixes liées à leurs installations.
Comprenez, messieurs les ministres, le sentiment d'abandon et d'inégalité qu'entraîne cette situation chez tous ces grands oubliés ainsi que leur incompréhension face au célèbre « quoi qu'il en coûte ». Il convient de soutenir tous les Français qui ont choisi d'investir dans l'activité économique de notre pays au profit de son dynamisme et de nos emplois.
Autre écueil dans le plan de relance, et non des moindres : beaucoup de crédits labellisés « plan de relance » avaient en réalité déjà été annoncés et débloqués – c'est le cas de nombreux projets dans ma circonscription. En contribuant à gonfler les chiffres du plan de relance, ce procédé s'inscrit dans une stratégie de communication gouvernementale. Or il faudrait que ces 100 milliards soient véritablement de nouveaux crédits. À défaut, vous devriez nous annoncer le montant des crédits réellement créés dans le cadre du plan de relance afin de ne pas tromper les Français sur son ampleur.
Je souhaite enfin vous alerter sur la situation, insuffisamment prise en considération, des actifs qui auront à subir les mutations durables de notre économie. Des secteurs entiers, forcés de se réinventer en raison de l'évolution de nos habitudes dans le contexte post-covid, ne retrouveront pas leur niveau d'activité d'avant-crise. Je pense notamment aux acteurs de la mobilité et des services aux entreprises.
Le plan de relance n'offre pas suffisamment de solutions à ces centaines de milliers d'actifs qui ont investi pendant des années dans leur champ d'activité du fait de perspectives alors favorables et aujourd'hui remises en cause par la crise.
Vous devez offrir un horizon à tous ces Français victimes d'une grave injustice. Il serait particulièrement intéressant de prévoir des mesures pour accompagner une transition de leur activité professionnelle leur permettant de s'adapter au monde d'après.
Il reste bien à des sujets à préciser et à régler dans le cadre de la relance de notre économie pour nous assurer que personne n'est laissé sur le côté. Alors, messieurs les ministres, sur tous ces sujets, que comptez-vous faire ?