Intervention de Alain Bruneel

Séance en hémicycle du jeudi 17 juin 2021 à 21h30
Mesures d'urgence en faveur des intermittents de l'emploi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bruneel :

« S'asseoir à la table d'un restaurant. S'évader le temps d'un spectacle. Vibrer à l'unisson dans les gradins. Retourner à la salle… Cette vie nous avait tant manqué ! » C'est le message publié sur les réseaux sociaux par le Président de la République, mercredi dernier, 9 juin, à l'occasion de la nouvelle phase du déconfinement.

Le même jour, toujours sur les réseaux sociaux, Emmanuel Macron rendait hommage aux restaurateurs et aux cafetiers, « ces métiers qui portent l'identité de notre pays, cet art de vivre dans nos grandes villes, comme dans nos terroirs et qui ont dû faire face à la crise ».

Un bel hommage certes, mais un hommage incomplet. Comme souvent, il y a des oubliés. Car si les restaurants, les spectacles ou les gradins reçoivent à nouveau du public, c'est grâce au dévouement de millions d'invisibles, les intérimaires, les extras, les vacataires, les saisonniers, qui travaillent dans des secteurs directement touchés par la crise sanitaire : l'événementiel, l'hôtellerie, la culture, la restauration, l'entretien ou encore le tourisme.

Tous ces secteurs sont directement dépendants de ceux qu'on appelle les intermittents de l'emploi, ces travailleurs qui alternent structurellement des jours salariés en fonction des missions ou des projets qui leur sont confiés et, éventuellement, des jours indemnisés par Pôle emploi, quand ils y ont droit. Ils participent par leur travail au rayonnement économique, touristique et culturel de nos territoires. Ils font tourner notre pays et rendent possible cet art de vivre, malgré une précarité alarmante.

Cette précarité découle de la succession de contrats de courte durée qui leur est imposée. Leurs horaires sont flexibles, leurs conditions de travail souvent dégradées, et leurs salaires peu élevés. Ils jonglent avec les petits boulots et les missions d'intérim, et sont appelés à la dernière minute pour venir en renfort, le temps d'une soirée, d'une semaine ou d'une saison. Pour eux, rien n'est jamais durable.

On entend parfois dans les discours dominants que les salariés alternant des périodes de travail et d'indemnisation seraient des profiteurs ; c'est d'ailleurs dans cet esprit que le Gouvernement argumente pour justifier la réforme honteuse de l'assurance chômage, en pleine crise économique.

À vous entendre, l'explosion des contrats courts serait due à une assurance chômage trop protectrice : c'est faux, archifaux ! Ce n'est pas l'assurance chômage qui engendre des contrats courts, mais bien le patronat qui choisit de précariser l'emploi.

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