Heureusement, la plupart des employeurs qui offrent ces contrats courts forment leurs salariés à des métiers où ils peuvent aussi être recrutés en contrats durables. Le groupe La République en marche veut, au contraire, combattre autant que possible la précarité des salariés en contrats courts, surtout lorsqu'ils sont maintes fois répétés pendant une durée interminable.
C'est d'ailleurs le diagnostic que font nos collègues parlementaires, le député Jean François Mbaye et le sénateur Xavier Iacovelli, dans leur rapport sur le recours abusif aux CDD d'usage. Ils citent un chiffre édifiant : 42 % de ces contrats courts durent moins d'une journée. Même si nous comprenons les spécificités de certains secteurs, la volonté de la majorité n'est pas de favoriser cette permittence qui coûte annuellement près de 3 milliards d'euros à l'assurance chômage. Chacun d'entre nous peut comprendre l'extrême fragilité d'un tel modèle lors de chaque grave crise conjoncturelle.
L'enfermement dans la précarité, qui se traduit par une alternance de contrats courts et de périodes de chômage, est un phénomène en pleine expansion, avec une explosion du nombre de contrats de 250 % depuis quinze ans et une durée moyenne de travail qui, elle, n'a cessé de chuter – vous l'avez rappelé, madame la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion. Or la comparaison européenne n'est pas très reluisante puisque nous avons dix fois plus recours aux contrats courts qu'en Allemagne ; c'est bien la preuve qu'il n'y a pas de fatalité.
Le besoin de flexibilité des entreprises ne doit se faire ni au détriment des conditions de travail et des projections de vie personnelle des travailleurs, ni au détriment des comptes de l'UNEDIC qui assure la pérennité du système de l'assurance chômage. Pour l'ensemble de ces raisons, le groupe La République en marche ne votera pas cette proposition de loi qui entre en contradiction avec la progression de l'emploi durable et la montée en compétence que nous continuons de défendre.