Intervention de Sabine Rubin

Séance en hémicycle du mardi 19 décembre 2017 à 15h00
Orientation et réussite des étudiants — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSabine Rubin :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, le projet de loi relatif à l'orientation et à la réussite des étudiants se fonde sur un double constat. Le premier, que nous partageons, est la nécessité de mettre fin au tirage au sort dans les filières dites en tension. Le second est le prétendu taux d'échec de 60 % en licence.

Ce chiffre, que vous martelez inlassablement, cache, je le rappelle, des situations très diverses : des étudiants qui se réorientent après leur première année ; d'autres qui s'inscrivent pour passer un concours ; d'autres encore qui redoublent pour des raisons très éloignées de l'échec – engagement associatif, syndical, ou obligation de travailler pour financer ses études. Cette diversité de parcours n'est donc pas révélatrice d'un échec, mais bel et bien le reflet d'une liberté de choix dans le suivi des études. En outre, je le rappelle une fois encore, 80 % des étudiants sortent de l'université avec un diplôme, et ce taux, qui n'a pas évolué ces trente dernières années, est supérieur de dix points à la moyenne de l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économiques.

Vous avez cependant su saisir cet alignement favorable des planètes pour réformer l'entrée à l'université, dans le prolongement des politiques menées depuis quarante ans en la matière. Finalement, vous avez décidé d'instaurer un système de tri sélectif des lycéens pour faire face à l'afflux de nouveaux bacheliers, auxquels, dans les filières en tension, un « non » pourra être opposé. Pour rappel, à Paris, la quasi-totalité des filières est en tension. Nous nous dirigeons donc vers une sélection généralisée dans certains territoires. Dans les autres filières, un « non, sauf si » ou un « oui, mais » sera signifié aux intéressés si leur candidature ne correspond pas aux attendus fixés nationalement.

D'ailleurs, cette mesure met clairement fin au baccalauréat comme diplôme d'accès à l'enseignement supérieur. On commence donc par considérer que le « bac » n'est plus suffisant pour continuer ses études et, demain, c'est son caractère national qui sera attaqué par la réforme que M. Blanquer nous prépare. Après un code du travail par entreprise, ce sera désormais un bac par lycée.

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