Pour nous, cet article 1er va dans le bon sens puisqu'il rend obligatoire la signature d'un contrat pluriannuel. Nous l'adopterons mais nous considérons que ce n'est pas un outil suffisant. Nous en voyons en effet les limites : il existe déjà dans la filière laitière mais n'empêche pas les problèmes sur les prix d'achat – on sait que la situation des éleveurs laitiers est assez catastrophique. Nous défendrons donc des amendements qui, sans surprise, portent sur le seuil de revente à perte, sur les prix planchers et d'autres mécanismes.
Certains disent avoir été déçus, après avoir fait le pari de la confiance dans la loi EGALIM 1. Mais que croient-ils donc ? Que l'économie est le royaume des Bisounours, comme dirait mon collègue André Chassaigne ? Que les Mulliez et les Arnault vont gentiment embrasser les agriculteurs et qu'ils leur font des cadeaux ? Lors de l'examen de la loi EGALIM 1, au moment de la discussion de l'amendement « Nutella » sur l'interdiction des promotions, je m'étais déjà moqué de votre tendance à croire que l'argent dégagé par la grande distribution irait aux agriculteurs ou aux caissières, et j'avais insisté sur le fait qu'il serait reversé aux actionnaires sous forme de dividendes. Et que s'est-il passé ? Il a été reversé aux actionnaires sous forme de dividendes – je dois le constater à ma grande tristesse car je préférerais que le monde soit merveilleux.
Je crois que vous devriez en tirer des leçons, au-delà de ce texte sur les prix agricoles. Faut-il faire confiance aux Mulliez pour rapatrier tout l'argent qu'ils ont mis au Luxembourg ? Faut-il faire confiance à Bernard Arnault pour qu'il relocalise de lui-même ses filiales établies dans les paradis fiscaux ? Faut-il faire confiance à Amazon ?
Cessons donc avec cette confiance ! Pour les grands dirigeants économiques, ayez donc recours à la même contrainte que celle que vous n'hésitez pas à exercer sur les Français.