J'irai droit au but : cette loi ne défend pas les principes de la République, pas plus qu'elle ne les renforce. Cette loi n'est pas républicaine, car c'est une loi de discrimination et de mise à l'index des musulmans. Alors que nous entamons sa seconde lecture, la majorité s'acharne à prétendre l'inverse. D'ailleurs, quels principes de la République renforcerait-elle ? On n'en sait trop rien, parce qu'en réalité l'objectif réel et l'effet concret de cette loi sont bien éloignés de la République ; je vais vous le démontrer.
Il faut admettre tout d'abord que cette loi coule de source en Macronie puisqu'elle clôt un cycle politique nauséabond mais tout à fait cohérent, dans la continuité directe des lois dite de sécurité globale et de soi-disant lutte contre le terrorisme. Rendons-lui au moins ce pauvre mérite de la cohérence, celui d'une loi qui suit parfaitement la feuille de route du président Macron, celle qu'il a tracée il y a déjà plus d'un an. Vous le savez très bien puisque c'est à vous, députés de la majorité, qu'il s'adressait lorsqu'il invoquait, le 11 février 2020, l'opposition maurrassienne entre le pays légal et le pays réel. Au nom de ce concept d'extrême droite, il avait théorisé devant vous l'urgence de se pencher sur le « sentiment d'insécurité » et plus précisément sur « le sujet immigration, sécurité du quotidien, lutte contre les séparatismes ». En somme, il voulait faire tourner l'Assemblée et le débat politique autour des questions sécuritaires et identitaires. C'est réussi. C'est une bête stratégie politicienne qui permet de nourrir d'une main le Rassemblement national et ses amis pour pouvoir se présenter, de l'autre, comme son rempart.
L'échec cuisant des élections régionales pour vous – donc pour Emmanuel Macron – comme pour le Rassemblement national marque l'échec de cette stratégie dangereuse.