Non, les musulmans n'ont jamais manqué à leur devoir. Bien sûr, il y a parmi eux des énergumènes et des assassins, mais dans quel groupe humain n'y en a-t-il pas ? Aucun d'entre nous n'aurait jamais eu l'idée d'imputer à la religion catholique les tueries qui ont été commises en Norvège en 2011. Tout le monde sait que leur auteur n'est pas digne de la religion dont il se réclame, laquelle n'a jamais voulu de tels actes.
Que de violence ! Qui a décidé de reprendre le terme d'islamogauchisme, concept fumeux sorti de la propagande de l'extrême droite et répercuté partout ? C'est ridicule. Dans tous les milieux intellectuels, ce nouveau maccarthysme a fait rire jaune. De la part de la patrie des Lumières et des droits de l'homme, c'est stupéfiant.
Votre loi, qui a voulu l'imiter ? En Espagne, des fascistes et des franquistes ; au Danemark, un gouvernement de droite extrême a même trouvé cette idée lumineuse. Voilà le résultat : nous autres, Français, avons été la risée du monde. Au débotté, nous avons eu droit à une tribune de militaires demandant que les hordes des banlieues soient contenues par une intervention des militaires d'active. Fort heureusement pour nous, le commandement de l'armée est républicain et n'a pas accepté ce genre d'injonction.
Ensuite, il y a eu cette manifestation de policiers qui, on ne sait pourquoi, a pu se dérouler devant l'Assemblée nationale, en un lieu où on n'autorise d'habitude aucune manifestation. Ils sont venus glapir, comme les factieux qu'ils sont, contre la justice. Tout le monde a quelque chose à dire sur la justice, moi y compris. Mais, là aussi, il y a des limites à ne pas franchir. Dire que la justice serait en soi un problème pour le pays est une ignominie insupportable, inacceptable. Le devoir de ces gens est de servir et d'obéir, et non de venir dire ce que la justice doit faire ou ne pas faire, en cessant de s'exprimer comme des syndicats de policiers, pour parler comme des organisations politiques, ce qu'ils sont d'ailleurs.
Surpris d'être repeint dans une religion et un choix politique qui n'ont jamais été les miens, avec quelques autres j'ai été montré du doigt en tant qu'islamogauchiste et désigné comme cible. Nous en étions là quand, par un débordement auquel il fallait bien s'attendre, on est passé aux menaces de mort, avec un personnage qui prétendait vérifier si nous résistions aux balles et aux coups de couteau. D'une surenchère à l'autre, la suivante est venue : quelqu'un a eu l'audace de gifler le Président de la République. Face à cet acte inacceptable et insupportable, j'ai exprimé, au nom de tous mes amis, mon immédiate solidarité avec le Président de la République. Puis, quelles que puissent être mes divergences avec M. de Rugy, aucun d'entre nous n'a accepté qu'il soit traité avec violence comme il l'a été, de même que personne – et je sais que lui non plus – n'a accepté que je sois agressé dans une manifestation. Ce qui était en cause, c'était le droit constitutionnel de manifester et d'être protégé quand on l'exerce. Oui, protégé ; pas agressé, ni par les passants ni par d'autres.