Je suis un enfant de l'école publique à plus d'un titre. Tout d'abord, mes parents, mes grands-parents y enseignaient tous. Ensuite, j'ai grandi dans un village de trente habitants, au centre de la France, si bien que je dois tout à l'école ; sans elle, je ne serais pas ici. Je me trouve donc dans le même cas que Sereine Mauborgne : aimer cette école ne m'empêche pas d'aimer l'instruction en famille.
Aussi, l'enfant que j'étais, l'adulte que je suis restent un peu tristes de voir, pour la deuxième soirée consécutive, la République se rétrécir. Hier, nous avions peur des citoyennes qui tiennent un bureau de vote tout en portant le voile ; aujourd'hui, des familles qui instruisent elles-mêmes leurs enfants. J'ai envie d'une France qui pense à ses territoires, à sa ruralité, à l'énorme inégalité qui résulterait d'une telle mesure. Nombre de métropoles possèdent des établissements proposant des pédagogies alternatives, qui seraient pour les familles concernées autant de recours ; en zone rurale, il n'en existe guère. Je souhaite une France qui donne envie d'école, plutôt que de contraindre.