Nous en arrivons au stade de la synthèse et je prends la précaution oratoire de dire que je suis évidemment favorable au rétablissement de la confiance et de la morale dans notre vie publique, même si ce projet de loi s'apparente à un projet de rééducation des masses amorales que nous serions, nous ignares du Parlement tout juste arrivés et pas encore habitués aux astuces de la maison.
Je regrette comme d'autres que nous rédigions une loi à la découpe qui, au fond, est destinée à affaiblir les parlementaires. Comment croire que demain, les moyens de ces parlementaires en moindre nombre augmenteront, conformément aux engagements du Président de la République ?
Il est important de mener un débat serein, entre voyeurisme et victimisation. J'ai tout de même été interpellé par la notion de « renouvellement des visages », qui aurait mis fin à des pratiques immorales. Sans doute a-t-il mis fin au manque de confiance envers la vision et la capacité à décider de certains candidats, mais ceux-ci n'étaient pas toujours éloignés de la probité.
Certaines mesures de bon sens permettront d'aider les électeurs à choisir, puisqu'ils sont, selon moi, les seuls juges de paix : le casier judiciaire, le quitus fiscal, la déclaration d'intérêts – autant d'éléments à fournir avant la présentation d'une candidature à une élection qu'il devrait aussi falloir fournir avant la nomination à de hautes fonctions publiques.
Enfin, la moralisation renvoie avant tout à la question de l'usage de l'argent public. En menant un débat honnête sur l'IRFM, nous avons évoqué le contrôle de légalité et le contrôle d'opportunité – autrement dit, le pouvoir de l'administration et celui du député, en son âme et conscience. J'insiste également sur l'examen des frais de gestion liés à l'IRFM, qui générerait une augmentation de dépenses et un renforcement du pouvoir de l'administration par rapport au pouvoir des responsables politiques.
En somme, la véritable question à poser est la suivante : voulez-vous que les députés existent demain pour eux-mêmes, à l'Assemblée nationale et en circonscription, ou qu'ils soient des députés hors sol, infantilisés par leur groupe et par l'administration ?