Intervention de Bruno le Maire

Séance en hémicycle du lundi 11 octobre 2021 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Présentation

Bruno le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance :

Pour autant, le ciel est-il clair à l'horizon, pour reprendre un terme à la mode ? Non, et cela nous demande à tous, majorité comme opposition, de rester vigilants sur certains risques. J'en dénombre trois immédiats.

Le premier est systémique : c'est celui d'une rivalité économique exacerbée entre nations, au risque d'un conflit entre la Chine et les États-Unis. La conquête des terres rares, la volonté de maîtrise des technologies nouvelles, la pénurie de matériaux tels que le bois ou l'acier, ou de composants comme les semi-conducteurs, la concurrence sur les normes mondiales, peuvent conduire à un ralentissement de la croissance mondiale ou, pire, à des conflits de puissances, notamment entre la Chine et les États-Unis.

À ce risque de long terme, je ne vois qu'une seule réponse : l'indépendance de la nation et de l'Europe. C'est ce qui conduira le Président de la République à présenter demain un plan d'investissement ambitieux pour la France de 2030. Ce plan doit renforcer notre indépendance dans des filières critiques, comme le nucléaire, les biotechnologies ou l'espace. Il doit renouveler notre politique d'investissement dans l'innovation et créer de nouvelles filières industrielles, telles que celle de l'hydrogène.

L'objectif est de renforcer la base industrielle de la France, au-delà de ses domaines d'excellence actuels que sont l'aéronautique, le luxe, le médicament ou l'agroalimentaire. Un amendement portant sur les crédits nécessaires en 2022 pour ce plan d'investissement sera déposé à cette fin, au cours de la première lecture du projet de loi de finances.

Le deuxième risque, c'est l'inflation. Nous ne redoutons pas une inflation structurellement élevée. L'inflation actuelle dans le monde est liée à la vigueur de la reprise économique et aux pénuries. Nous avions anticipé ce mouvement, ce qui nous permet de maintenir notre prévision d'inflation à 1,5 % pour 2021 et 2022. Ce que nous redoutons, en revanche, c'est l'effet de cette inflation sur le prix de certains produits de la vie courante et ses conséquences sur la vie quotidienne des Français.

Je pense tout d'abord au prix de l'énergie. Le prix du gaz a flambé au cours des dernières semaines. Ce n'est une bonne nouvelle pour personne. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'État, qui, dans cette affaire, perd au moins autant de recettes fiscales qu'il n'en gagne. Croyez-vous vraiment que l'État s'est enrichi au cours des chocs pétroliers ? Croyez-vous qu'il va s'enrichir avec un choc gazier ? La candidature à la présidentielle n'autorise pas toutes les approximations et toutes les démagogies.

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