Intervention de Gilles Carrez

Séance en hémicycle du lundi 11 octobre 2021 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Carrez :

Cela singularise la France. Les autres pays de la zone euro s'y sont refusés. Aucun d'entre eux, monsieur Le Maire, n'a accepté que le désendettement ne puisse débuter qu'en 2027, comme le prévoit le président de la dette, le président Emmanuel Macron.

Le parallèle avec l'Allemagne, pays que vous connaissez bien, monsieur le ministre, et avec la zone euro est éloquent. Lorsque la crise financière de 2008 a frappé, la France, l'Allemagne et les autres pays de la zone euro avaient en moyenne le même taux d'endettement, autour de 60 % du PIB. À la fin de 2011, celui-ci se situait autour de 85 % à 90 % pour ces mêmes pays, preuve qu'ils connaissaient un cheminement similaire. Toutefois, depuis dix ans, l'écart ne cesse de se creuser. À la fin de 2022, la dette publique atteindra 114 % en France contre seulement 70 % en Allemagne. Et dans toute la zone euro, elle diminue. En 2017, 2018 et 2019, sous cette législature, avant que ne se déclenche la crise sanitaire, nous avions un rythme de croissance honorable, autour de 2 %, mais la France ne s'est pas désendettée. Elle s'est contentée de stabiliser la dette juste en dessous de 100 % du PIB en jouant sur les primes d'émission, sujet que nous connaissons bien vous et moi, monsieur de Courson. Au total, durant cette législature, notre dette publique aura progressé de 680 milliards d'euros. Triste record !

La question est la suivante : l'argent magique de la dette illimitée peut-il continuer de couler à flots ? Je ne le pense pas car le contexte économique et politique est en train de changer.

En premier lieu, l'inflation repart. Votre prévision – plus 1,5 % en 2022 – me paraît optimiste au moment où le prix de l'énergie et des matières premières et même celui des services s'envolent, au moment où se multiplient les goulets d'étranglement, qu'il s'agisse de la main-d'œuvre ou des approvisionnements. N'oublions pas que l'inflation en Allemagne vient d'atteindre 4 %. Dans ces conditions, je suis donc persuadé que les banques centrales, y compris la BCE – Banque centrale européenne –, moins accommodantes, vont resserrer leurs politiques, ce qui entraînera une remontée inévitable des taux d'intérêt. La France étant devenue le maillon faible de la zone euro, elle sera donc la plus vulnérable. Notre pays est le seul dont le budget est encore en déficit primaire. L'Espagne et l'Italie font mieux que nous !

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