Intervention de Bénédicte Peyrol

Séance en hémicycle du lundi 11 octobre 2021 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBénédicte Peyrol :

« Les générations futures pourraient bien avoir intérêt à hériter à la fois d'un climat préservé et d'une dette financière plus élevée ». C'est ainsi que Jean Pisani-Ferry réfute l'argument générationnel dans la note intitulée « L'écologie a besoin d'une politique macroéconomique », qui a fait grand bruit cet été.

Depuis quatre ans et encore cet après-midi dans l'hémicycle, à l'occasion des débats budgétaires, j'entends cet argument de la dette financière française que nous laisserions aux générations futures. D'un autre côté, notre dette environnementale continue de se creuser sans prendre la place qu'elle devrait avoir dans nos discussions budgétaires. En vérité, les débats sur le vertige de la dette financière absorbent très largement les débats sur le vertige de la dette écologique.

La dette environnementale a pourtant des conséquences budgétaires et macroéconomiques importantes, non pas dans un horizon lointain mais dès à présent. Il faut se rendre à l'évidence : si l'inaction a un coût, l'action environnementale, que ce Gouvernement et cette majorité ont commencé à mener avec courage depuis 2017, a elle aussi un coût, ainsi que des conséquences macroéconomiques considérables qu'il nous faut vite prendre en considération.

À l'heure où nous avons commencé à débattre du déficit, de l'inflation, des taux d'intérêt ou encore de la croissance, nous ne pouvons passer sous silence le fait que l'accélération de l'action climatique impliquera des changements majeurs de la configuration de la croissance dans les trente ans à venir, comme le démontre l'économiste que j'ai cité en introduction. La décarbonation de notre économie pourrait être considérée comme un choc d'offre négatif à l'instar des chocs pétroliers des années 1970.

Cela doit-il impliquer un catastrophisme et une collapsologie à tout rompre ? Devons-nous pour autant ignorer les bouleversements à l'œuvre et continuer à calquer les analyses passées et à prodiguer les mêmes remèdes ?

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