Intervention de Nicolas Meizonnet

Séance en hémicycle du lundi 11 octobre 2021 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Meizonnet :

Ce projet de loi de finances pour l'année 2022 est le dernier de la législature et, s'il est soi-disant frappé du sceau de la volonté de relance post-crise sanitaire, j'y vois surtout un budget en trompe-l'œil. Car si vous, le Gouvernement, la commission, la majorité parlementaire, n'avez de cesse de marteler qu'il est celui de la croissance, du rebond, ou que sais-je encore… il est surtout celui de la course au déficit, avec une dépense publique qui s'élèvera à 57 % du PIB d'ici 2022, un record européen ! À six mois de l'élection présidentielle, tout le monde comprend la démarche électorale qui se cache derrière ce projet de loi de finances, à savoir 35 milliards d'euros de promesses démagogiques, parfois même clientélistes, et pour certaines bien mal orientées.

La question que l'on se pose finalement est la suivante : où est la vision, l'ambition ? Car je ne vois rien d'ambitieux dans ce projet de loi : rien d'ambitieux pour le pouvoir d'achat des Français, rien d'ambitieux sur l'énergie, rien d'ambitieux pour la culture, rien d'ambitieux pour l'entreprise, pour l'éducation, pour la santé ni pour l'industrie. Ce projet ne propose qu'une vision court-termiste, mais qui aura des conséquences négatives bien au-delà de la fin du quinquennat.

S'agissant de la question du pouvoir d'achat, qui a été évoquée à plusieurs reprises, les Français n'attendent pas après vous, monsieur le ministre délégué, pour connaître l'état de leur situation financière personnelle ! Ils constatent que, mois après mois, le prix du plein de leur voiture augmente, que leur caddie au supermarché coûte de plus en plus cher, que les fins de mois sont de plus en plus difficiles ; un tiers d'entre eux déclarent parvenir difficilement à boucler leurs fins de mois et 15 % disent même vivre à découvert. Il n'y a vraiment que vous et les élus de votre majorité pour imaginer que les Français ont plus de pouvoir d'achat aujourd'hui qu'avant la crise sanitaire et même qu'avant le début de ce mandat ! Il n'y a vraiment que vous alors que 58 % des Français partagent le terrible constat que je viens de faire. Votre déconnexion, que nous n'avons eu de cesse de dénoncer ces quatre dernières années, atteint là son paroxysme. Vous parlez de contrevérité quand on vous accuse d'avoir été le Gouvernement des riches, mais nous voyons bien que 22 % des 24 milliards rendus aux Français sont à destination des 10 % les plus aisés, quand les 10 % les plus modestes n'en obtiennent que 6 % ! On retient tous de votre quinquennat l'augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG), la baisse de l'aide personnalisée au logement et la réforme de l'assurance chômage… Non, monsieur le ministre délégué, vous n'aurez pas incarné le quinquennat de la justice fiscale !

Vous vous vantez d'un plan pour le nucléaire afin d'affronter l'augmentation des prix du gaz, vous dites qu'il faut investir… mais franchement, quel cynisme ! On garde tous à l'esprit la fermeture de Fessenheim et le fait qu'il y a moins d'un an, le Gouvernement était à deux doigts d'acter le démantèlement d'EDF dans le projet Hercule.

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