Chéquiers brandis, milliards distribués à tout va : on pourrait presque croire que notre économie a retrouvé sa pleine santé. On oublierait quasiment que, fin juin, la dette tricolore s'élevait à 2 762 milliards d'euros, soit un bond de plus de 380 milliards par rapport à fin 2019.
Monsieur le ministre délégué, si vous nous susurrez que nos finances publiques seront maîtrisées en 2022, on s'aperçoit tout de même très vite que les comptes n'y sont pas. Tout d'abord, parce que la baisse apparente des dépenses de 28,9 milliards n'est que provisoire. Il est en effet prévu que le Président de la République fasse des annonces demain dans le cadre du plan d'investissement 2030. Bref, nous discutons ce soir d'un budget dont nous ne connaissons pas tous les éléments, et en particulier pas toutes les dépenses.
La main sur le cœur, vous nous l'assurez : le Gouvernement fait preuve d'une sincérité totale concernant ses choix budgétaires. Franchement, comment ne pas en douter quand même le HCFP a des doutes ? Pire, ce dernier regrette que le budget soit incomplet, au point qu'il s'est déclaré incapable de donner un avis pleinement éclairé sur le réalisme des dépenses annoncées par le Gouvernement – c'est l'alinéa 68 de son avis – et sur la plausibilité des prévisions de déficit – c'est l'alinéa 72.
Comble de l'ironie, la proposition de loi organique modifiant la LOLF, adoptée en première lecture par notre assemblée, a justement pour objectif de renforcer les compétences du HCFP. Expliquez-moi l'intérêt d'accroître ses pouvoirs, si ses avis demeurent lettre morte et ne concourent pas à améliorer le projet de loi de finances. Il est temps d'agir et vite : nous avons besoin de réformes efficaces. Or les mesures importantes introduites par voie d'amendement au fil de la discussion budgétaire dans ce projet de loi de finances ont un goût amer, car les Français le savent bien : les promesses électorales ne valent pas réforme.