Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, monsieur le président de la commission des affaires culturelles, madame la rapporteure, messieurs les rapporteurs pour avis, chers collègues, après cent ans d'attente, les Jeux olympiques reviennent à Paris. Si notre pays a changé – sa capitale sans doute un peu moins – , l'exigence reste la même : faire honneur au savoir-faire français, à nos valeurs comme à nos traditions d'accueil et d'organisation d'événements de ce niveau. Ne nous y trompons pas, le monde aura les yeux rivés sur nous, le temps de cet exceptionnel rendez-vous planétaire ! Notre responsabilité, à chacun d'entre nous, responsables politiques, acteurs économiques, organisateurs et citoyens, est donc immense. En réalité, elle est à la mesure des attentes que peut susciter un tel événement.
Pour y répondre, il nous est proposé – un peu dans l'urgence, reconnaissons-le, et alors que le Conseil d'État a jugé insuffisantes certaines dispositions de l'étude d'impact – d'examiner le projet de loi de cadrage des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Pour qu'ils soient une réussite à l'échelle mondiale, il faut d'abord qu'ils soient une réussite ici, sur notre territoire, ce qui suppose d'éviter, à mon sens, au moins quatre écueils.
Le premier serait de penser que nous pouvons nous passer des Parisiens. Je m'explique. Si Paris est une ville monde, chargée d'histoire, elle est aussi et d'abord le cadre de vie de millions de nos compatriotes. Transformer la ville plus que nécessaire, en pavoisant pendant six longues années les sites historiques qui font la richesse de notre capitale, qui constituent le coeur de notre patrimoine et une partie de notre identité, n'est sans doute pas le meilleur moyen de gagner leur coeur et de les faire adhérer au projet olympique. Je pense aussi aux voies olympiques, qui suscitent à raison de vives inquiétudes, alors que nous avons pu constater les résultats très négatifs, sur l'environnement et la circulation notamment, de la politique menée par la ville de Paris.
Le second serait de faire passer les sponsors avant le sport et de faire de Paris la nouvelle Las Vegas, c'est-à-dire une ville recouverte de publicités, bien loin des valeurs des Jeux. Si je comprends parfaitement les nécessités de financement par la publicité et le marketing, ce qui est proposé dans ce texte en la matière va trop loin. Le périmètre de 500 mètres retenu n'est pas adapté au regard de la densité urbaine. Chers collègues, pour vous donner un ordre de grandeur, 500 mètres, c'est ce qui sépare cet hémicycle du musée d'Orsay et des Invalides. Cela signifie que la publicité serait autorisée des Invalides jusqu'au musée d'Orsay si cet hémicycle soit l'un des sites olympiques. Quelle folie !
La troisième erreur serait de croire que cet événement doit profiter uniquement à la ville de Paris. En effet, d'une manière ou d'une autre, tous les Français seront mis à contribution pour le financement des Jeux, par le biais de leurs impôts. Il apparaît donc nécessaire voire indispensable de redistribuer les fruits des Jeux olympiques et paralympiques au sport amateur, via les fédérations, sur l'ensemble des territoires, ce qui profiterait à tous les Français.