Intervention de Sébastien Chenu

Séance en hémicycle du mercredi 20 décembre 2017 à 15h00
Organisation des jeux olympiques et paralympiques de 2024 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Chenu :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, alors que nous nous apprêtons à débattre du projet de loi relatif à l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, que Paris et la France auront l'honneur d'accueillir, je souhaite commencer mon intervention en saluant la décision du Comité international olympique, qui nous a attribué ces Jeux. La France est évidemment fière d'accueillir la plus grande compétition sportive internationale. Après Pékin, Londres, Rio et Tokyo, ce sera donc à Paris d'être le centre d'attention du monde entier, pendant le temps de cette compétition exceptionnelle symbolisant l'amitié entre les nations à travers le monde.

Cent ans ! En 2024, cela fera cent ans que notre pays n'aura pas accueilli les Jeux olympiques d'été, comme l'a rappelé notre collègue Maxime Minot. Nous devons collectivement nous mettre au travail pour préparer un immense succès populaire dans notre pays, afin qu'au-delà même de nos frontières, rayonnent les valeurs de l'olympisme, et je ne doute pas que vous ne vous y employiez, madame la ministre.

Ces valeurs sont exemplaires : en particulier le partage, l'effort, la performance et le respect de l'autre. Au-delà, les Jeux olympiques mettent en évidence le patriotisme des athlètes, fiers et heureux de représenter leurs pays. Réciproquement d'ailleurs, derrière les sportifs, des pays entiers observent et soutiennent les performances de leurs athlètes, en espérant voir leur nation briller.

Les Jeux olympiques font partie de ces rares événements où tous les Français peuvent brandir le drapeau tricolore sans se voir insulter par une certaine bien-pensance qui souhaiterait le remplacer à terme par le drapeau européen. Un moment rare ou les Français peuvent porter le bleu, le blanc et le rouge sans complexe, comme certains aimeraient le faire autant qu'ils le souhaitent tous les jours de l'année. Et j'espère que Paris, en 2024, sera couverte, aux balcons, de drapeaux français qui symboliseront l'accueil chaleureux, par toute la France, des visiteurs du monde entier venus admirer les épreuves sportives.

Mes chers collègues, les Jeux olympiques mettent en avant les États-nations. Ils sont la preuve que cette entité politique, que certains aimeraient mettre aux oubliettes de l'histoire, est un concept éminemment moderne et contemporain. Les Jeux olympiques montrent que les États-nations ne sont pas morts ou condamnés à disparaître, bien au contraire : on peut y voir des athlètes de tous pays pleurer au retentissement de leur hymne national lorsqu'ils montent sur la plus haute marche du podium. Ces fiertés nationales sont belles et saines. Je pense ici à ces athlètes de pays souvent inconnus des Français, qui forment les plus petites délégations lors du défilé de la cérémonie d'ouverture des Jeux et qui arborent fièrement leur drapeau. À cet instant, souvent, ils n'ont d'autre ambition que de représenter leur pays dignement et de faire briller leur nation par leurs futures performances. La magie des jeux, c'est aussi que, pendant quelques semaines, le monde semble pacifié et les querelles, laissées au vestiaire. On peut voir par exemple des athlètes nord-coréens combattre sur le tatami face à des judokas sud-coréens. Il n'y a aucun autre événement que les Jeux olympiques qui permette cet exploit : réunir pacifiquement l'ensemble des pays du monde pour un moment de partage et d'amitié entre les peuples dans le respect de chaque culture. Les règles sportives sont les mêmes pour toutes les équipes, toutes les nations, que l'on soit des îles Fidji ou des États-Unis.

En France, les Jeux olympiques sont également très suivis. Personne ne demeure insensible aux performances et aux médailles des centaines d'athlètes français qui ont par le passé offert à la France des souvenirs sportifs incroyables ; vous en êtes, madame la ministre. Car lorsque s'élève le drapeau tricolore et que retentit la Marseillaise, personne ne peut rester impassible devant l'émotion du sportif placé sur la plus haute marche du podium, qui remplit de joie et de fierté les spectateurs. Il serait impossible de faire une liste de tous les sportifs français qui, depuis 1924 et même 1896, ont réussi à faire vibrer le coeur de nos compatriotes par leurs performances et leurs médailles. J'aimerais tout de même en citer ici quelques-uns pour qui – nous l'oublions souvent – , le handicap ne constitue pas une barrière empêchant la performance. Je parle évidemment de ces athlètes des Jeux paralympiques comme Marie-Amélie Le Fur en saut en longueur, Stéphane Tardieu en aviron ou bien Sandrine Martinet en judo, et tant d'autres encore. Lors des Jeux olympiques, les trois premières places ont la couleur des plus belles performances ; cependant ce ne sont pas seulement les médailles qui comptent, mais les énergies positives que déploient les sportifs.

Les Jeux olympiques de 2024, c'est aussi le temps long en politique. Votre gouvernement aura la charge de son organisation jusqu'à ce qu'il soit remplacé par un autre, en 2022, qui continuera de faire brûler la flamme olympique dans le coeur des Français. En dépit du caractère symbolique des Jeux, vous devez entendre les inquiétudes et questionnements de l'opinion. La première inquiétude concerne les éventuelles conséquences de l'organisation des Jeux olympiques sur les finances publiques. C'est la responsabilité du Gouvernement de rassurer les Français sur la trajectoire financière fixée. La seconde porte sur la possible dénaturation de cette belle fête sportive. Les Jeux olympiques ne doivent pas ressembler à ces sports médiatiques qui ont abandonné toutes les valeurs sportives pour devenir de simples marchés spéculatifs où le prix d'un transfert de joueur peut atteindre 11 000 années de SMIC. Au-delà des performances sportives, nous vous invitons à poser un oeil attentif sur les sportifs amateurs, afin de les associer à cette internationale du sport, et à prendre en considération les bénévoles, à travers sinon un statut, au moins une reconnaissance. C'est pourquoi, tout en me réjouissant de l'attribution de ces Jeux olympiques à Paris, je voudrais vous rappeler à mon tour quelques mots de Pierre de Coubertin : « Le succès n'est pas un but mais un moyen de viser plus haut. » Les députés du Front national voteront ce texte.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.