Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du mercredi 20 octobre 2021 à 15h00
Vigilance sanitaire — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Au cours du débat précédent, certains collègues ont indiqué être surpris que le Gouvernement refuse de revenir vers le Parlement et ne pas comprendre cette position, se demandant si elle relève de l'aveuglement, de l'incompétence ou d'un souci électoral. Je crois que c'est en réalité plus profond, et presque plus politique que cela : cette décision révèle une tendance de fond, à savoir l'émergence d'un libéralisme autoritaire dans la durée.

Emmanuel Macron se fait ainsi la voix d'une hyperclasse qui souhaite l'avènement d'un régime plus autoritaire. Il est d'ailleurs l'héritier d'une longue tradition, celle incarnée par Samuel Huntington prônant « un modèle de prise de décision gouvernementale plus autoritaire et plus efficace » ; par Hayek déclarant : « je préfère un dictateur libéral plutôt qu'un gouvernement démocratique manquant de libéralisme » ; par George Steiner estimant qu'« il est concevable que la solution dans les grandes crises économiques soit une solution à la chinoise technocratique. Que nous évoluions vers un despotisme libéral. […] Il reviendra peut-être à des despotismes technologiques d'affronter les grandes crises » ; ou encore par James Lovelock, pour qui, face à la crise écologique, « il pourrait être nécessaire de suspendre la démocratie pour un temps ».

Voilà ce à quoi nous assistons avec l'instauration du passe sanitaire : à l'émergence de la nécessité, pour les représentants de cette classe, de suspendre la démocratie pour un temps. On a vu cette logique à l'œuvre avec la gestion brutale de la crise des gilets jaunes, comme on la voit actuellement avec la gestion autoritaire de la crise sanitaire. Certaines personnes ont voté pour Emmanuel Macron en 2017 en pensant qu'il était doublement libéral, à la fois sur le plan social et économique et sur celui de la défense des libertés. Ils constatent désormais qu'en vérité, s'il est effectivement libéral sur le terrain social et économique, il est fortement autoritaire en matière de libertés publiques.

Ma conviction, c'est que la crise du covid n'est qu'un avant-goût des crises environnementales que nous devrons affronter. Or on voit comment l'oligarchie et la classe dominante prévoient de gérer ces crises : par la brutalité et par l'autorité.

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