Mes chers collègues, je crois qu'il faut arrêter de se payer de mots. État d'urgence sanitaire, sortie de l'état d'urgence sanitaire, confinement, reconfinement… Depuis dix-huit mois, nous avons largement eu le temps d'explorer toutes les facettes de l'état d'exception que vous nous proposez. Nous avons vu défiler des prorogations, des gestions de sortie de la crise ou de retour à la crise, et à chaque fois, l'Assemblée a été à la hauteur de l'urgence, en répondant, en débattant dans les conditions que vous nous avez imposées, parfois – souvent ! – très contraintes, alors que la possibilité même d'amendement semble déplaire au Président de la République. Pas de chance, c'est un droit constitutionnel ! On peut nous dire qu'on va réformer le droit d'amendement, mais suivre cette voie, mes chers collègues – il s'agit là de notre responsabilité collective –, ce serait commencer à marcher sur la tête.
Le texte que vous nous proposez nous fait d'ailleurs déjà marcher sur la tête. La question n'est pas tant celle des fondements de la situation que nous sommes en train de vivre et de sa gestion ; nous pourrions débattre des modalités de la gestion de crise et de la vaccination, de la manière de convaincre le plus grand nombre, d'indemniser et d'accompagner les citoyens.
Mais vous nous infantilisez systématiquement : vous nous expliquez que si nous refusons d'aller dans votre sens, nous risquons de provoquer un nouveau confinement, et vous nous dites qu'on ne comprend rien, qu'on est irresponsables et qu'on s'en fout des gens qui sont morts ou qui ont été atteints.