Tout d'abord je voudrais saluer l'excellent travail mené par nos collègues Janvier et Viry sur le sujet, dans le cadre de la commission des affaires sociales. C'est un sujet sensible qui traverse les différents groupes politiques. L'étude de l'INSERM publiée en mai dernier montre sans débat possible les bénéfices de ces salles du point de vue de la santé publique. Elle prouve que celles-ci permettent une forte diminution des pratiques à risque pour la transmission du VIH et de l'hépatite C, des passages aux urgences et des overdoses ; bref, elles sauvent des vies. Ceux qui pensent qu'il s'agit d'une politique de promotion de drogue versent évidemment dans la caricature ; il s'agit bien d'une prise en charge médico-sociale ambitieuse.
L'acceptabilité de ces salles dans l'espace urbain a aussi été évaluée par l'INSERM, qui a montré qu'au-delà des discours médiatiques souvent simplistes, les salles de consommation à moindre risque peuvent également être acceptées ou demandées par les riverains, car elles permettent aussi la diminution de l'insécurité et des injections dans l'espace public.
L'exemple de la salle de Strasbourg atteste du fait qu'une salle de ce type peut ne poser aucun problème de voisinage. Les différences entre les salles de Strasbourg et de Paris sont bien réelles du fait de leur emplacement, mais aussi et surtout de leur fréquentation. Si la salle de Paris est sous tension au-delà de sa localisation, c'est bien parce que le nombre de passages y est environ six fois plus important qu'à Strasbourg.
L'ouverture d'autres lieux réduira considérablement la pression sur la salle de Paris, permettant ainsi de s'appuyer davantage sur le modèle strasbourgeois avec une plus grande sérénité. Cela ne veut pas dire qu'il faut ouvrir de telles salles partout ni qu'elles sont l'alpha et l'oméga de la réduction des risques pour les usagers de drogues. Le présent article adapte les salles de consommation en renforçant leur mission d'accès aux soins de sevrage. Des modèles alternatifs proposant de l'hébergement pourront également être développés, sur le modèle de la salle strasbourgeoise.
Ces haltes s'inscrivent donc dans un parcours global de prise en charge et permettent une étape cruciale entre l'« aller vers » et la réinsertion que nous souhaitons tous pour ces personnes vulnérables. J'émets donc un avis défavorable.